Bouche à oreilles vol.2, le mixtape

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1. Mon steez – Loop GG aka Masio
2. À chaque jour – Narkoi
3. P.A.N. – Doublemo
4. À soir, j’bois pas – Ironik
5. One More Time – Ruffneck
6. Une vie rock’n’roll – Papaz, La niguette & Hell-T
7. Crazy MC – DTM
8. Bootleg – 2e Monde, Confus & St-Saoul
9. Touch The Sky – Lez Majesté
10. Hoodratz – Paranoize & L’Ombre Blanche
11. Superman – Prez
12. Reloaded – DTM
13. Broke As Fuck – Solitaire, SB & Dogg
14. Girl – Papaz
15. ABC of Hip Hop – B.A.D.D.
16. Mauvaises fréquentations – Shoddy
17. Mes cauchemars – C.Kell
18. 4 Ya (remix) – Ironik, Papaz & PeeZee
19. Le thème est clair – Moines de rue


Faire connaître : le bon et le mauvais côté

Il faut dire que commencer l’album par une track avec des lyrics douteux sur le beat « Poppin’ ‘em thang » de G-Unit n’était pas nécessairement une excellente idée. Il introduit un album style homemade qui peut être plaisant sur certains points, et qui semble hâté sur plusieurs autres points. Il est tout de même fait pour faire connaître, peu importe les conséquences.

Oui, il n’est pas rare de voir des mixtapes qui présentent des tracks sur des beats déjà vus, mais je trouve que cet album exagère presque : les Mc’s vont jusqu’à imiter le flow des rappeurs originaux (« Mon steez », « Crazy MC » ou « Superman »). Par contre, les beats originaux valent souvent la peine, étant quand même, de façon majoritaire, bons, complets et originaux.

La structure de l’album est voulue pour ne pas être travaillée; il s’agit en fait d’un assemblage de plusieurs tracks dont le but est de faire connaître les rappeurs qui s’y présentent, pour le meilleur et pour le pire. Pour certains, il s’agit d’une destruction totale de toute chance future de faire carrière sauf si un changement de nom s’opère, pour d’autres, il s’agit soit d’une bonne prestation livrée sur un disque très abordable, ou encore une découverte pour un plus grand auditoire.

Textes

Parlons des talents côté écriture. Pour citer Prez, sur la track « Superman »:

Anyway, j’en fume des gros, avant que ma tête soit blow
Friday pis Saturday morning, j’sais pas t’étais où, yo
Peut-être dans le east, peut-être dans le south, n’importe où, sauf dans ma house
J’veux pas savoir avec qui tu bounces, toi pis moi, c’est fini, no doubt

Disons que ça en fait presque perdre de la crédibilité à l’album complet. Je n’aimerais pas voir ceux qui ont été refusés pour cet album. Reste que, malgré quelques lacunes textuelles comme vous venez de le lire, les rappeurs en général s’en sortent bien par rapport à cela. Chacun a sa track, et malgré qu’il semble se dégager une ambiance de party (« À soir, j’bois pas », « Broke As Fuck ») et de filles (« P.A.N. », « Superman », « Girl »), on ne peut pas voir de lien direct et officiel entre ce que les MC’s ont choisi comme sujet.

Mentions particulières

Par rapport à l’ambiance générale de la track, « Broke As Fuck » se démarque habilement par un flow rapide bien soutenu et une technique lyrique appropriée. DTM s’en sort bien, par deux tracks (« Crazy MC », « Reloaded ») qui, malgré des lyrics pas nécessairement intéressants, nous donnent une bonne impression de lui. « ABC of Hip Hop », troisième track anglophone, avec les deux de DTM, a un beat de type électronique assez original de façon positive. Sinon, Narkoi (« À chaque jour », présent sur son album) et Ironik sortent quelque chose qui s’écoute très bien, tout comme « Une vie rock’n’roll », sur un très bon beat d’un vibe stressant, rendant hommage au sujet. Le verse de Papaz y est beaucoup plus fort que celui des deux autres (Niguette et Hell-T). Ruffneck, ainsi que Paranoize & L’Ombre Blanche (belle découverte!), font quand même deux tracks méritant d’être écoutées. « Bootleg » de 2ème Monde et les bootlegers, entendue sur J’aurais voulu être MC (et disponible gratuitement sur leur site web), est selon moi dans les meilleures tracks de l’album.

Étrange track qu’est la dernière, « Le thème est clair » de Moines de rues; de style européen, flow et paroles plutôt peu talentueux par moments, très très différent du reste de l’album.

L’album est, dans son ensemble, plutôt décevant, surtout s’il avait été plus dispendieux. Le mixtape aurait mieux paru si il avait été plus court mais avec uniquement des tracks de qualité. D’un autre côté, elle aurait perdu l’objectif qu’elle peut avoir : faire connaître des rappeurs débutants, à prix très abordable. En ce sens, elle nous permet effectivement de connaître de nouveaux artistes, en bien ou en mal.


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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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