1. Intro
2. Survolté
3. N’ont-ils pas l’air heureux? (feat. Bobby Fisher)
4. J’cours
5. Être
6. Découvrons notre musique
7. Ostie d’bitch
8. Champ de pierre
Quelques affaires qui gossent…
… mais l’album est original et intéressant à d’autres moments! Créé de toute évidence dans une volonté de se séparer du reste du rap, il utilise plusieurs procédés qui permettent de déconstruire le style du rap général. On se doit d’être clairs : il n’est pas fait pour le plaisir de l’oreille.
Quoiqu’il reste dans le même type d’atmosphère étrange, j’ai plus apprécié cet album que L’affaire, le groupe de Supercharger & Bobby Fisher. D’une approche conceptuelle, l’album est excellent, mais le concept veut que certains moments soient moins bons pour que le message passe. Une écoute donne une grande réticence, mais plusieurs mènent à une compréhension plus grande.
L’ironie est utilisée pour rabaisser le discours traditionnel des rappeurs et la recette du rap. « Prend moi pas au pied de la lettre », comme il le dit, c’est ce qu’il faut faire inévitablement. Il décide de nommer les éléments typiques et les stéréotypes du rap, dans une forme de track traditionnelle (« Survolté ») ou encore, sous la forme d’une entrevue (« Découvrons notre musique »). On y sent la présence de l’artiste, surtout lorsqu’on connaît les critiques qu’il reçoit généralement.
Son flow totalement déstructuré montre qu’il n’est pas obligé de suivre le beat de la façon dont le rap le prône généralement. Il ne suit pas le beat « comme il le faut », ce qui cause deux réactions : soit une réticence face à un résultat peu satisfaisant, soit une découverte de quelque chose de différent. Le risque est là, et il réussit complètement selon moi environ la moitié du temps.
Sa voix et son chant peut devenir un peu achalant, un certain mélange de Loco Locass et Lez Majesté, qui va jusqu’à KCLMOP sur « Champ de pierre ». Ils lui permettent de prendre une distance de son interlocuteur, mais sa voix est plus mélodieuse et plus accordée avec l’instrumental lorsqu’il veut être pris davantage au sérieux (« Être »), ou encore plus monotone lorsqu’il veut représenter la dureté de la pierre et la mort (« Champ de pierre »). Il sait passer par plusieurs registres, ce qui prouve son talent.
Par moments, les paroles sont difficiles à suivre, ce qui fait qu’une analyse profonde pourrait simplement me faire perdre et ne servirait au fond pas à grand chose. Une écoute ultérieure pourrait probablement me permettre de déceler d’autres pistes de réflexion. On a l’impression cependant de se perdre dans des choses absurdes, ce qui pourrait nous faire dire que l’absurdité joue un rôle précis dans l’œuvre de Supercharger.
« J’cours » et « Ostie d’bitch » paraissent comme des interludes, car ils n’ont pas de verses comme tels. Il ne s’agit que de quelques lignes répétées souvent, selon un concept spécial, comme par exemple, baisser le son à certains moments, pour ne pas entendre ce qui se dit; ce qui inévitablement trouble l’écoute du spectateur, et qui le fait constater qu’il est en train d’écouter une chanson préenregistrée. Ils auraient pu être le refrain d’une chanson plus longue, mais ils auraient peut-être perdu l’objectif initial.
Les pièces instrumentales sont presque toutes très bonnes, particulièrement « Ostie d’bitch » et « Être », par l’aspect plus introspectif, qui est par le fait même, plus sérieux. L’atmosphère est souvent plus à la blague, ce qui fait que les instrus suivent. Ils savent facilement suivre l’intention créative derrière chacune des tracks. À certains moments, on apprécie moins la simplicité de ceux-ci, même si elle est voulue.
Album qui m’a fait découvrir un artiste qui a une volonté d’exprimer des choses et qui utilise les moyens qu’il juge opportuns. Il resterait à savoir si un album complet pourrait devenir populaire, et si on ne se tannerait pas d’un style qui n’est pas fait pour le plaisir de l’oreille. On peut se demander si Supercharger va rester dans la même voix, ou s’il va s’adapter en conservant le même esprit de base.
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