- Le missile est lancé
- Venez voir
- Le temps passe et s’écoule
- Ça nous correspond pas
- Le rap a perdu ses esprits
- Faut qu’on s’en sorte
- Style libre
- J’ai besoin d’air
- Tout le monde debout
- Jeunesse de l’occident
- La main sur le coeur
- Dur d’être optimiste
- J’lève ma rime
- De l’Opéra à la Plaine
- Outro
- Medley
Track cachées dans les autres:
L’usine à adulte
Les murs de ma ville RMX
« Dis-leur que le missile est lancé », car, effectivement, Keny Arkana lance un missile qu’aucun bouclier n’aurait pu bloqué l’entrée au Québec; entrée qu’on ne regrette nullement car l’entendre abattre ses cibles, nombreuses (entre autres, les analystes du rap qui jugent cet art selon des critères bien établis), n’est que positif.
Elle commence à rapper dès les premières secondes du disque; pas d’intro, pas beaucoup de temps morts entre les tracks non plus; elle prend le maximum de temps pour faire passer son message. Quoiqu’on n’a pas l’habitude d’entendre une femme rapper, on ne se sent pas du tout obligés de dire qu’elle est forte « pour une fille » : on comprend dès les premières lignes qu’elle nous affectera.
Elle a son objectif clair et précis, et elle attaque à la fois par un flow percutant efficacement placé sur les beats. Sa voix n’est pas d’un type agressant, mais ses textes sont d’un style agressifs. Elle sait aussi passer par des registres plus calmes, de plusieurs façons différentes, comme par exemple « Faut qu’on s’en sorte » ou « Les murs de ma ville RMX » (caché après « Style libre »); l’accalmie du son peut jouer une agressivité plus propre à la réflexion ou encore une tristesse par rapport à sa vision du monde.
On voit sa haine contre tout ce qui est trop institutionnalisé (« L’usine à adulte », caché après « Ça nous correspond pas »), que ce soit du côté du système scolaire ou du rap. Elle lance sans cesse des flèches à « Babylone », commune métaphore dans le rap de la société occidentale. Elle n’axe pas principalement son texte sur les sonorités. Elle intègre par contre aisément une complexité de rimes originales à son message revendicateur et provocateur. Cette jeune artiste rap n’a pas à prouver son talent; elle le place parfaitement dans son art.
« De l’Opéra à la Plaine », où il y a un nombre de MC’s élevé, fait découvrir une bonne partie de rappeurs de son coin; entre autres, on peut reconnaître Sista Micky, qui s’est nettement améliorée depuis ses collaborations sur Chroniques de Mars ou l’album de Shurik’n (1998).
Les pièces instrumentales, crées par plusieurs producteurs différents, sont très satisfaisantes, originales tout en nous mettant dans une atmosphère familière. On ne peut absolument pas reprocher quoique ce soit à ces sons variés, tristes ou plus agressifs tout comme Keny. Globalement, la mixtape est à fait merveilleuse et m’a fait sentir nostalgique du rap français de la période du micro d’argent; Keny est par contre allée plus loin sans copie de style. Je garderai nécessairement un œil sur le parcours musical futur de cette artiste prometteuse.
Laisser un commentaire