Lez Majesté – Au pays des merveilles, le mixtape: Une merveille… pour certains

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  1. Intro
  2. C’est juste un début (feat. DTM)
  3. Seul à soi-même (feat. Ironik)
  4. Est-ce que je pars où je reste (feat. Casper)
  5. Les intouchables (feat. Papaz)
  6. Lez battre ton coeur
  7. Skit
  8. Down On The Corner (feat. Narkoi)
  9. J’cherche mon oasis
  10. C’est pour toi
  11. Goodbye (Sealed With A Kiss) (feat. Ruffneck)
  12. Skit
  13. Où se cache le diable?
  14. Wonderful World
  15. Est-ce que je pars où je reste (remix) (feat. Casper & Hell-T)
  16. Outro

Lez Majesté crée une division assez grande au sein des auditeurs; certains y voient quelque chose de différent et d’intéressant, alors que d’autres y voient quelque chose de différent mais qui ne mérite pas la place qu’on lui accorde. On s’entend sur la différence; leur originalité est toujours présente dans Lez au pays des merveilles , deuxième album paru sous Iro Productions en octobre 2005.

Cette présence d’originalité serait moindre si l’album avait ressemblé à C’est juste un début (Iro Prod, 2004)… par contre, on peut noter quelques ressemblances particulièrement par leur aspect « gangster », de toute évidence tout aussi parodique qu’avant, particulier dans « Où se cache le diable? »; d’ailleurs, ils font une autoréférence à « Gunshot » en utilisant un instrumental très similaire.

Généralement, par contre, ils sont originaux par rapport à leurs précédentes apparitions; en bien ou en mal. Ils font une utilisation très particulière du sample, en l’intégrant directement à leur message. Que ce soit petit dans « Seul à moi-même », où on peut entendre : « […] regarder les cœurs de pierre fracasser ma porcelaine », faisant directement référence à l’échantillon utilisé, tiré de Porcelain de Moby, facilement reconnaissable. C’est la même chose pour « Wonderful World », qui renvoie à la chanson bien connue sensiblement du même titre (« What a Wonderful World »); ils utilisent la voix du chanteur en train de dire «  I see  », pour l’intégrer dans leurs propres paroles. Le lien sample -voix est dynamique; mais, l’intégration des coups de batterie au sample ne se fait pas sans heurt, surtout par leur flow toujours fracassé qui, parfois, est difficile à apprécier esthétiquement.

Ce genre de référence se voit aussi directement dans les paroles et les concepts : ils utilisent globalement un humour assez cartoon; que ce soit dans les skits (qui sont, par contre, pas si drôles car trop absurdes) ou directement dans leurs chansons. Par exemple, « J’cherche mon oasis », qui parle de la recherche d’un endroit de rafraîchissement dans le désert, s’inspire d’un dessin animé précis de Disney : « j’hallucine un iceberg », ou « j’ai sauté d’un tremplin », deux lignes qui décrivent, à mon souvenir, les mirages de Donald Duck. D’ailleurs, ce genre d’allégorie faisant allusion implicitement sans doute à la difficulté du parcours dans le rap au Québec (« j’ai tenté d’être prospère, mais y’avait aucun oasis »), est caractéristique au style de Lez Majesté.

Certaines chansons semblent plus mainstream , visant visiblement un public moins familier avec leur style. C’est le cas de « It’s Just A Warm Up », avec DTM, qui est une réussite surtout en considérant sa popularité. Par contre, même si l’aspect parodie est évidemment présent dans « Down on The Corner », avec Narkoi, on est déçu du genre de paroles qui sont presque clichées; tout comme la chanson avec la collaboration de Papaz, « Les intouchables ». On y sent une volonté d’être plus accessible qui parfois influence négativement l’écoute. « Est-ce que je pars où je reste », avec un refrain de Casper, réussit davantage, par le sujet plus touchant et l’harmonie du chant et de l’instrumental. Désolé pour Ruffneck (sur « Goodbye (Sealed With A Kiss) »), mais une ligne comme « tellement d’in dents, qu’tu vas avoir besoin d’un dentiste » n’a simplement pas sa place. La collaboration d’Ironik et de Ruffneck sur les beats est parfaitement en accord avec les concepts des tracks .

Globalement, écoute très satisfaisante particulièrement lorsqu’on s’attarde à écouter et parfois décortiquer ce qu’ils disent à travers leurs chansons. Lez Majesté a à mon avis entièrement sa place dans le rap québécois, et sait définir son rôle de groupe de rap par les énonciations des deux artistes. Comme expliqué plus tôt, avertissement à ceux qui s’attendent à du rap traditionnel; le talent du groupe s’exprime mieux lorsqu’ils se compliquent la vie.


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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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