01. Les affaires reprennent
02. C’est plus comme avant
03. La guerre
04. Le quartier
05. Comme on débarque
06. C’est ça ou rien
07. Tout ce qu’on a
08. 1984 [Fallait que je le dise] (feat. Kalash l’Afro)
09. Marginale musique
10. Le plus grand des voyous
11. On s’invite
12. Dans les yeux
13. Ils le savent
14. Chez nous
15. Cherche pas
La même fin mais pas les mêmes moyens
En écoutant les sonorités et le style de paroles, on sent que la FF est moins agressive qu’avant (à l’époque des discours anarchistes de « Sans Rémission » et « Dans la légende »); sans être pour autant moins politique. Est-ce que la revendication d’une société différente cesse quand on profite de celle qui est établie? On peut se demander évidemment si le groupe a suivi une évolution « logique » par rapport à ce qu’ils avaient fait avant.
On sent qu’il y a un changement de mentalité. La probable contradiction de leurs revendications avec leur mode de vie s’exprime par le refrain :
Nique le show bizness. Plus de fric, plus d’enjeux, plus de risques, plus dangereux, plus t’en as, plus t’en veux.
Le fait qu’ils aient de l’argent ne change pas leur façon d’être, leur façon de vivre, comme le témoigne Sat : « On n’a pas le savoir-vivre des gens aisés. » Les choses n’ont donc pas tout à fait changé dans leurs pensées. Des phrases comme « l’état reste le plus grand des voyous » prouvent que leur cible préférée ne sera pas épargnée. Sauf la perte de l’énergie de la jeunesse – par exemple, par la presque absence de l’expression « Nique tout » – le groupe reste pareil. On sent la maturité : moins d’attaque mais plus de sensibilisation. Même « Comme on débarque », qui a pourtant une belle énergie et un rythme entraînant n’est pas dans le même registre que l’étaient les pièces passées.
Le concept de Marginale musique semble être : « Personne nous représente, alors on le fait nous-mêmes. » C’est un peu la mentalité qui a traversé les albums de la FF depuis les débuts, et qui reste en ce sens important pour eux. Notons par contre une nuance : le rap est la marginalité dans la musique, et non la FF dans le rap. Ils conservent le même type de flow, le même esprit dans les tracks qui a fait d’eux un exemple (donc pas marginal) pour le rap français : le passage des albums solos de presque chaque rappeur, donc, une entrée dans quelque chose de plus personnel, a permis un changement au niveau du moyen (dénoncer des faits plutôt que d’attaquer avec agressivité) mais la même fin.
Les pièces musicales aussi témoignent de moins d’agressivité et d’énergie qu’avant : la musique est par contre plus profonde, plaçant une dose d’émotion dans une pièce plus dénonciatrice. C’est voir une facette plus personnelle à ceux qui revendiquent : au fond, les instrus contribuent beaucoup à la baisse d’agressivité des flows, même si on y sent encore la même signature. La majorité tout simplement excellente, beaucoup font comme toujours bouger la tête, garanties par Pone, mais aussi par Le Rat, Sat & Djel.
Autour de ce changement, « 1984 [Fallait que je le dise] » fait un panorama intéressant du parcours de la Fonky : les paroles semblent signées Djel mais passent à travers la bouche d’un dénommé Kalash l’Afro. On dirait que le DJ voulait faire passer son propre message, montrer qu’il n’était pas « qu’en arrière » des rappeurs, qu’il a un rôle très important, malgré que celui-ci soit trop souvent oublié.
Alors, avec tout ça, où en est la FF? Que vont-ils devenir et vers quoi ils s’en vont? C’est peut-être une question de trop : il est plus important d’apprécier l’album pour ses forces et d’admirer qu’il puisse exister encore après tout ce temps un style qui leur est propre.
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