Même thème, sans concept global (TTC – 3615TTC)

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Après le témoignage assez expérimental de Bâtards sensibles, le groupe de rap français TTC nous revient avec 3615TTC, en magasin depuis février dernier. On peut être déçus de 3615TTC pour deux raisons relativement contradictoires, soit d’une part par la ressemblance avec le précédent, puisque les sujets restent similaires, et d’autre part par la différence qu’il y a entre les deux, soit un album un peu moins expérimental sur le plan musical. Par contre, les artistes montrent une plus grande versatilité des thèmes et de la musique, ce qui pourra sans doute réjouir le fan standard de TTC.

Bâtards sensibles avait une grande cohésion par la présence presque constante d’éléments rappelant le club. Le concept global faisait aussi que la forme se mariait avec le fond: la déconstruction sonore opérait en même temps que la « déconstruction » des sujets exploités. Le thème de la sexualité et des femmes reste central, sans être englobé d’un concept. Bâtards sensibles avait un concept pour mieux y déroger parfois légèrement (ce qui faisait toute la beauté de la piste intitulée « Bâtards sensibles »).

Les « textures sonores » de l’album sont un peu plus variées que Bâtards sensibles. On est exposé à, par exemple, un son entre « jeu vidéo » et « télésérie pour enfants japonaise » sur « Antenne 2 ». Parfois, on est plus près du techno encore que ne l’était leur précédent, par exemple sur « Une bande de mecs sympas ».

Il faut dire que leur rap, sur 3615TTC, est beaucoup moins technique, ce qui témoigne nécessairement d’une volonté plus « pop », plus commerciale. La forme reste un schème qu’ils n’évitent pas, mais elle n’est plus le fondement même de leur rap.

Je ne crois pas pourtant que TTC soit plus pop dans leur musique même, tel que le disait Tekilatex en entrevue. La manière de recevoir le groupe pour un auditeur nouveau est à peu près dans le même principe : on est relativement déstabilisés aux premières écoutes, mais on finit souvent par écouter de la bonne oreille. S’il y avait un chiffre de ventes plus élevé, la raison fondamentale serait à mon avis une question de plus grande visibilité.

Les sujets restent justement dans cette optique « déstabilisante », dans certains cas pour le mieux, mais qui peuvent en rebuter un bon nombre. D’abord, par la crudité de propos sur la sexualité, frôlant la misogynie (pour ne pas dire carrément misogynes), mais ensuite et surtout par la redondance d’avec leur précédent album. On aurait cru que TTC aurait voulu nous amener ailleurs, alors qu’ils nous enfoncent profondément dans cet univers, avec lequel on a ou non des atomes crochus.

C’est donc par la ressemblance et la différence d’avec leur précédent que TTC plaît ou non. Je ne crois pas que quelqu’un qui ait aimé Bâtards sensibles pourrait ne pas apprécier 3615TTC, mais on reste sur notre appétit lorsqu’on s’attend à plus de différence dans les thèmes. Néanmoins, TTC confirme son statut et ses forces, et témoigne de la volonté réelle du groupe à ce que les filles « frottent leur cul par terre ».


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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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