Dans l’optique de mon essai théorique en Art actuel, essai dans lequel je parlais entre autres de reproduction mécanisée, voici une analyse de deux films de Mathias Müller et Christoph Girardet que j’ai pu voir lors d’une présentation de films au Goethe-Institut Montréal.
Certains films de Mathias Müller et Christoph Girardet viennent en opposition avec la manière de signifier des œuvres de Gordon et Huyghe. Ils sont pourtant dans la même optique de réappropriation d’éléments artistiques, filmiques, mais n’entretiennent pas le même rapport avec les images qui précèdent. Le court métrage Manual (2002), co-réalisé par les deux cinéastes, utilise des séquences tirées de séries télévisées américaines. Chaque échantillon est relié à l’utilisation de la technologie, ce qui permet d’unir des éléments relativement différents. Une main actionne un bouton, une manette, mais notre regard reste en gros plan, ce qui fait qu’on n’en voit pas plus du personnage qui manipule ces machines. Les images sont ainsi unifiées entre elles et servent un propos différent de leur rôle d’origine. Ces emprunts ne mettent cependant pas en évidence la problématique de l’auteur en art. Play (2003) réunit des plans qui ont pour point commun d’être dans une salle de théâtre. On commence par plusieurs séquences d’applaudissement, suivies de segments de silence. Chaque plan est différent et, de par la juxtaposition qu’il a avec les autres, met en évidence cette source différence : certains sont en noir et blanc et d’autres en couleur, par exemple. L’union se fait cependant par la similarité du contenu du plan. Ce qui est intéressant, c’est que certains visages deviennent reconnaissables : Orson Welles, James Stewart… Mais ils sont présents en tant que « figures cinématographiques » plutôt que comme personnages. Par ailleurs, l’intérêt de leur présence n’est pas tant de pouvoir associer ces personnages à un film précis, mais plutôt d’être des « lieux communs » qui font partie d’une culture. Ainsi, les œuvres de Müller et Girardet ne font pas explicitement référence aux œuvres qu’ils citent. Le bagage collectif auquel les images fait appel nous donne par contre un sentiment de déjà-vu, sentiment qui est en quelque sorte nécessaire à ce que l’œuvre fonctionne.
Image tirée de http://www.synch.gr/2006/kinema1.aspx?id=85
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