L’aspect formel « classique » du rap

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Quand j’ai commencé à m’intéresser au rap, à l’âge de 12 ans, je ne me rendais même pas compte que les textes des rappeurs rimaient. J’ai eu un deuxième choc au moment où j’ai constaté que non seulement les rappeurs rimaient, mais qu’en plus il y avait des « règles » beaucoup plus complexes qui régissaient leurs vers. En effet, il y a une complexité que je n’avais jamais vue auparavant (ni dans la poésie traditionnelle), et qui repose sur le fait que le rap soit en audio.

Je vous réfère donc à deux textes. Le premier est intéressant dans sa forme: il s’agit d’un thread sur le forum de discussion d’Hiphopfranco.com, où l’auteur n’avait pas accès aux accents. Il semble fait rapidement, mais explique clairement et directement certains concepts présents un peu partout dans le rap. Je vous réfère donc au thread de slutw0n sur les multis, punchlines et autres. Les exemples qu’il évoque sont plutôt louches, mais ont l’avantage d’être clairs.

Une version plus « officielle » a été tentée par Sinis, qu’il nomme le Battlerap 101. Il se base sur une intervention de Joey sur le forum [qui a probablement été effacée, puisqu’elle date d’un vieux tournoi de Marche à la mort]. Quoique son texte soit plus clairement divisible, il semble plus prescriptif (même s’il affirme ne pas déterminir la vérité ultime) et ne cite pas ses sources (notamment le thread de slutw0n et les sites anglophones similaires). Il sera peut-être plus facile à lire pour certains d’entre vous. Ses exemples sont par contre plus flous que ceux de slutw0n.

J’appelle ces « règles » (ou conventions) celles du rap classique. Il est très rare que le rap les applique systématiquement. Certains artistes rap plus marginaux s’en détachent encore davantage, mais il est intéressant de voir que plusieurs d’entre eux, au contraire, restent très semblable à cette forme qui me semble « classique ». Je n’ai par contre aucune information sur le moment officiel où ces « règles » (multis, punchlines, …) sont apparues, sauf cette citation:

Del’s « No Need for Alarm » is released in December; he used multi-syllabisms, which soon start a whole new form of rhymes in the underground community. (365hiphoplive history)

Si quelqu’un a plus d’informations là-dessus, il serait le bienvenue de les communiquer en commentaires ici.

Je vous invite donc à vous initier à ces deux textes, qui seront essentiels dans mon introduction au hip-hop. Ce dont ils parlent est « à la base d’une certaine forme de rap », d’une culture musicale/lyrique. Même le rap qui s’en détache se définit jusqu’à un certain point par elles.


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2 réponses à “L’aspect formel « classique » du rap”

  1. […] Il y avait quelque chose de particulier à La Structure. J’avais je crois une fascination pour leur écriture très multisyllabique. En misant sur les sonorités de syllabes de cette manière, en multipliant le plus de rimes possibles au milieu comme à la fin des vers, le sens se promène de manière étrange. Ça se tient, c’est la force de La Structure, mais c’est comme si on se demandait parfois pourquoi tel mot plutôt que tel autre (surtout pour un auditeur qui ne connaît pas les « règles » du rap « classique »). […]

  2. […] déjà mentionné ailleurs qu’il y avait une forme « classique » du rap. Celle-ci comprend notamment le recours au punchline, souvent une comparaison qui tourne autour […]

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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


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