Hier, j’ai regardé Eyes Wide Shut (Kubrick, 1999) avec Marie, film dont je devais m’imprégner à nouveau pour en faire éventuellement une analyse autour de la question du mythe (dans mon cours Mythologies du cinéma donné par Julie Beaulieu).
Après le visionnage complet, je propose quelques pistes de réflexion par rapport à une certaine « interprétation » du film. Ma blonde argumente que je vais peut-être « trop loin » par rapport à tout ça, et que les prémisses de cette pré-analyse sont celles que j’ai une certaine idée du réalisateur et que je ne pourrais pas admettre que tout n’ait pas un « sens ». Elle apporte par ailleurs le point que je tente trop d’aller vers une « interprétation », idée qui n’est pas inhérente à une œuvre, contrairement à, par exemple, l’analyse de l’effet d’une œuvre, qu’elle prise comme approche en Histoire de l’art. Opposition intéressante, qui m’a fait réfléchir:
- à la fonction d’une analyse (interpréter un film?);
- à la méthode utilisée à cette (ou ces) fin(s).
Mon point est que ce que je faisais était véritablement une « pré-analyse »; il s’agissait de faire ressortir des éléments « remarquables » pour éventuellement peut-être y voir des fonctions. J’allais dans l’optique de l’analyse stylistique proposée et expliquée par David Bordwell et Kristin Thompson:
- Déterminer la nature de l’organisation structurelle du film et de son système formel (narratif ou non-narratif). […]
- Identifier les procédés techniques remarquables. […]
- Décrire les modes d’organisation de ces procédés techniques remarquables. […]
- Proposer des fonctions pour les procédés techniques remarquables et les ensembles structurés qu’ils constituent. […] (Bordwell et Thompson, 2000, p.434-437)
Le point 1 va de soi dans la plupart des films, surtout pour le « cinéma narratif classique » qu’est Eyes Wide Shut. Après un visionnage, j’aime bien proposer ces fonctions d’éléments qui m’ont semblé ressortir, qui m’ont intrigué, ou dont je n’ai pas vu de fonctions « dramatiques » immédiates. Arriver au quatrième point est probablement le plus difficile, et c’est là que ça prend une analyse stylistique plus détaillée, c’est là où tout le travail se fait au fond. Mais je crois qu’il nécessite de proposer « à tort et à travers » des fonctions aux éléments intrigants, d’autant plus que, pour ma part, ce genre de pré-analyses (sans prétentions, ce que je spécifie à Marie) est une partie constitutive de ma cinéphilie.
Référence
David Bordwell et Kristin Thompson, L’art du film. Une introduction, Paris, de Boeck, 2000, 637 p.
Laisser un commentaire