Kant et la finalité formelle objective

|

|

,

Note particulière: ici, je marcherai sur des œufs, car je suis loin d’être un spécialiste de la philosophie de Kant.

J’étais en train de lire « Analytique du beau » de Kant, quand un extrait m’a en quelque sorte « expliqué » clairement ce qui m’agaçait dans l’établissement de prix de « l’Académie » (Oscars, Jutras, Génies, Césars, …). Kant parle en quelque sorte – à propos de la perfection – de l’idée d’une fin à une chose, et qu’on ne juge pas les choses en fonction d’une fin:

Ainsi en est-il, par exemple, quand je trouve dans la forêt une pelouse tout autour de laquelle des arbres sont disposés en cercle, et que je ne me représente pas en cela une fin, en songeant qu’elle pourrait servir à un bal campagnard: la forme à elle seule ne me fournira pas le moindre concept de (228) perfection. Or, se représenter une finalité formelle objective sans fin, c’est-à-dire la simple forme d’une perfection (sans nulle matière ni concept de ce avec quoi il y a accord, quand bien même ce ne serait que l’idée de la légalité en général), c’est une véritable contradiction.

Si ce qu’il dit est qu’on ne juge les choses que difficilement en fonction d’une fin précise, c’est pour dire que les choses seraient déclarées belles selon des critères qui ne dépendent pas de leur fonction (le cas échéant, on parlerait davantage de « bien » ou, justement, de « perfection »). Les prix visent rarement la beauté [de Kant, qui semble ne pas s’atteindre par définition] mais plutôt le « bien » et la « perfection », ce qui doit être fait en quelque sorte.

Donc, ce qui m’agace des remises de prix, c’est le fait que l’on ne peut tenir en compte aucune fonction inhérente à toutes les œuvres cinématographiques. L’idée, donc, de « meilleur film » ne fait pas sens, car on ne peut parler de « bien » et de « perfection » sans parler d’une fonction. Kant parle de la « beauté » comme de ne pas tenir en compte minutieusement les éléments formels, mais plutôt comme d’une impression personnelle à laquelle les autres doivent adhérer – tout en étant conscient que nous ne pouvons accéder aux pensées de tous, donc, créer une véritable subjectivité universelle.

J’avoue ne plus être sûr de suivre une ligne directrice dans mon texte, car on dirait que chaque mot me réfère à quelque chose d’autre qui demanderait davantage d’explication de ma part (et de réflexion, car tout n’est pas clair suite à ma lecture de ce texte). Il me semble du moins que la raison pourquoi je n’aime pas les remises de prix est claire, je m’en tiendrai donc là, jusqu’à ce qu’un commentaire vienne poser des questions ou expliquer des concepts (ce que je souhaite!).

Référence

Emmanuel Kant, « Analytique du beau », Critique de la faculté de juger (trad. Alain Renault), Paris, GF Flammarion, 1995, p.181-224.


Partager cet article sur:


En lire plus sur…

À propos de l’auteur

S’abonner aux nouveaux articles du blogue


Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


Derniers articles


Derniers commentaires


Catégories


Blogroll