J’ai trouvé quelques phrases clefs pour mieux expliquer ma conception du rôle de l’auteur lorsque je parle d’une œuvre, dans Du littéraire du filmique d’André Gaudreault. J’ai déjà tenté de définir plus clairement quelques raisons qui font que je veux me dissocier de la figure de l’auteur pour expliquer une œuvre. Ici, Gaudreault spécifie que, parce que le lecteur est au centre de la situation de lecture, c’est vers lui que l’activité de la narratologie doit se centrer.
D’où la nécessité de « bouter » l’Auteur hors de la Narratologie, qui est au premier chef une science s’occupant du récit et des récitants, pas de ceux qui les créent! [Gaudreault, 1999, p. 139]
L’explication plus détaillée se situe dans la note de bas de page qu’il fait à la suite de cette même phrase.
Qu’on me comprenne bien. Il n’y a là aucune forme de mépris à l’endroit de l’auteur que le narratologue peut d’ailleurs questionner, mais à titre d’auteur et non pas de narrateur. Répétons-le, Proust ou Griffith ne sont pas des narrateurs (malgré ce que voudrait faire croire la spécification entre parenthèses de la définition du Petit Robert – voir supra -). L’un est écrivain, l’autre cinéaste. La seule concession que l’on pourrait faire serait de considérer qu’ils ont en quelque sorte été narrateurs au moment (aux moments plutôt) où ils ont pris, qui sa plume, qui sa caméra, pour composer leur œuvre. Quand cette œuvre est consommée, ce n’est plus l’auteur qui me parle. La preuve (j’espère ne pas donner dans la facilité): j’ai lu hier À la recherche du temps perdu après avoir vu Naissance d’une nation (quelle journée chargée!) et pourtant Proust et Griffith sont, bel et bien, morts. [Gaudreault, 1999, p. 139, en note de bas de page]
Après un tel exemple tiré du livre d’un chercheur en études cinématographiques spécialiste en narratologie, comment essayer de mieux expliquer ma position là-dessus?
Laisser un commentaire