Hier soir, IAM était à Montréal, à l’Olympia. Il n’y avait que Akhenaton et Shurik’n sur scène (accompagnés de deux « backvocalists »), Freeman, pourtant en performance ici il y a deux semaines, n’étant pas présent.
Le spectacle était axé sur leur dernier album, Saison 5 (2007), bien que les deux rappeurs du groupe de Marseille en aient profité pour faire des classiques, pour la plupart tirés de L’école du micro d’argent (1997). L’absence de Freeman semble être la raison principale pourquoi Revoir un printemps (2003) ait été complètement mis de côté.
Il faut quand même avoir une certaine audace pour oser faire « La fin de leur monde » (10:10) et « Demain, c’est loin » (8:55) dans le même show.
« L’école du micro d’argent », « Nés sous la même étoile », « Petit frère », « L’empire du côté obscur » ont aussi fait partie des classiques interprétés, tout comme « Samurai » (sur l’album solo de Shurik’n, Où je vis (1997)).
La foule était complètement vendue, les deux artistes semblaient stupéfaits d’avoir une telle énergie devant eux. En première partie, Imposs, accompagné de quelques morniers (notamment Radical). La foule y était, mais semblait impatiente d’avoir le groupe en tête d’affiche. Imposs a fait quelques pièces de son album, Mon poing d’vue (2007), mais, pour la plupart, il a interprété ses verses classiques avec Muzion, la partie des autres coupée. Défi difficile de préparer une foule qui n’en avait pas besoin.
« Je danse le mia » (sur Ombre est lumière (1993)), en a surpris quelques-uns, selon la réaction globale, car ce n’est pas la version clip qui a été interprétée, mais bel et bien la version de l’album, légèrement différente. Je ne sais pas pourquoi, mais les trois singles de cet album ont deux versions: « Je danse le mia », mais aussi « Une femme seule » et « Le feu ».
Ce dernier a été le refrain le plus scandé de la soirée, en attente du groupe et dans l’espoir de l’entendre interprétée. En vain. IAM l’a par contre fait chanter par la foule, a cappella.
Le processus cognitif de « remplir les trous »
Je suis toujours surpris de voir comment, dans un show de rap, on n’entend que très peu les paroles, rappées trop rapidement pour aller contre la distorsion du matériel audio, on dirait. Néanmoins, le public est capable de suivre, parce qu’il peut aller « au-delà de l’information donnée » (Perron, 2002, p.142). Bernard Perron, à la suite de Bruner (1973), explique comment on va au-delà de cette information, en prenant l’exemple de la suite de caractères « C*NE*AT*GRA*HE », duquel on peut reconnaître le mot « CINÉMATOGRAPHE ». Un peu selon le même principe, bien qu’on ne pourrait pas nécessairement chanter les paroles de toutes leurs chansons, on reconnaît les mots au fur et à mesure qu’ils arrivent, parce qu’on en entend une partie et qu’on les a déjà entendu. Je prends les concepts théoriques hors de leur contexte, sans qu’ils ne s’appliquent réellement au phénomène sonore des shows de rap, mais je crois néanmoins que c’est un processus semblable qui est mis en exécution.
Références
Jerome S. Bruner, Going Beyond The Information Given: Studies in the Psychology of Knowing, New York, W.W. Norton & Company, 1973. Cité dans Perron, 2002.
Bernard Perron, « Faire le tour de la question », CiNéMAS. Revue d’études cinématographiques. Cinéma et cognition, numéro sous la direction de Bernard Perron, hiver 2002, p.135-157.
Dernière modification le 13 octobre 2008. Le vidéo Youtube a été supprimé pour des questions de droits d’auteur. J’ai donc opté pour la version « live » des pyramides.
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