Prendre le temps de le dire: la recherche entre instinct et réflexion

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« […] it takes a long time to say anything in Old Entish, And we never say anything Unless it is worth taking a long time to say. » – Treebeard, The Lord of the Rings: The Two Towers (Peter Jackson, 2002)1

Treebeard (The Two Towers, P. Jackson, 2002) Je ne suis visiblement pas le premier à faire le lien entre cette phrase et la vie. Il semble en effet que les institutions prennent du temps pour faire bouger les choses. Mais dans l’adaptation des Deux Tours de Peter Jackson, si les Ents prennent du temps pour parler entre eux, il est tout autre de leur décision d’attaquer la tour d’Orthanc (décision plus réfléchie dans le livre de Tolkien). Depuis le début de ma maîtrise, je me rends compte de ce qu’implique une recherche universitaire. Tant mieux, c’est l’objectif. Bien que j’ai hâte de pouvoir débattre d’enjeux relatifs à ma discipline (ce site en est probablement le meilleur exemple!), je prends de plus en plus conscience de tout ce qu’implique de dire quelque chose. « Ça ne vaut pas la peine de dire quelque chose si ça ne vaut pas la peine de prendre beaucoup de temps pour le dire. » Une philosophie qui s’applique bien à la recherche universitaire. Jusqu’à un certain point. Je ne suis pas quelqu’un qui parle pour ne rien dire. Par contre, il m’arrive de dire des choses et de me rendre compte que je n’ai pas l’arsenal pour soutenir mes propos, parfois sous forme de spéculations, parfois carrément sous forme d’affirmations. Il faut admettre quand on s’est tiré dans le pied, ce que je crois être capable de faire. Par contre, il faut aussi voir une affirmation gratuite de quelque chose comme symptomatique qu’il y a peut-être un problème. Peut-être. Finalement, ce qu’on constate par instinct est souvent l’hypothèse qui nous permet d’avancer dans notre démarche. Ce qui prend du temps à dire prend probablement aussi du temps à réfléchir. Comment dès lors faire en sorte de débuter cette réflexion? En disant, parfois, des atrocités, des absurdités, des arguments sans fondements, etc. Et puisque tout prend du temps à dire, à la limite, quelqu’un d’autre le fera si ce n’est pas moi. Celui qui ne parle pas est probablement le plus sage, mais il devra admettre que son mutisme a dû passé par des suppositions boiteuses. À moins que son esprit, en lui-même, ne soit capable de débattre. Ce qui est nécessaire, mais qui a ses limites. Je crois donc qu’il y a un intérêt à débattre de choses instinctives, dont on sait que les deux parties n’ont pas encore (ou n’auront jamais) la réponse. Ceux qui sont intéressés, prenons le temps d’en parler.

1 Vous m’excuserez de ne pas être retourné à la source pour voir si le texte original de J.R.R. Tolkien était semblable, je ne possède pas moi-même un exemplaire du livre, et je me disais que la référence du film « ferait la job ».


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Une réponse à “Prendre le temps de le dire: la recherche entre instinct et réflexion”

  1. […] (d’une manière qui m’apparaît aujourd’hui particulièrement malhabile) que de réfléchir à une chose prend du temps. Je faisais référence évidemment au temps que prend la réflexion (entre l’idée initiale […]

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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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