Dans le cours Problématiques de l’intermédialité que j’ai décidé de ne pas suivre finalement, nous avons eu l’occasion d’audiovoir une manifestation dite intermédiale, où, sans paroles, une femme fait des bruits vocaux et des gestes qui projettent une image à l’arrière (comme une formule mathématique, où les images sont influencées des gestes d’après des règles préétablies qui nous sont inconnues). Il s’agit de The Suicided Voice de Mark Bokowiec et Julie Wilson-Bokowiec.
Le professeur parlait entre autres que la technologie des « nouveaux médias » permettait de mettre à jour, dans le théâtre, certaines des utopies issues du romantisme. Cet exemple serait une utopie d’Adorno de libérer le théâtre de son aspect sémantique.
Vous pourrez en avoir un aperçu dans cette vidéo (bien qu’il ne s’agissait pas du (ou « de la », choisissez le genre) vidéo exact(e), car il s’agit d’une prestation différente chaque fois, et probablement filmée par quelqu’un d’autre):
Le commentaire d’une étudiante parlait du fait que c’était une émotion « pure », entend comme quasi-« non-médiatisé », car contenu dans l’audiovisuel lui-même, qui est « délivré » du langage. Le professeur a plus ou moins consolidé son intervention (celle-ci était probablement à être développée sur l’ensemble du séminaire), et mon intention avec ce billet est de faire précisément l’inverse.
La puissance évocatrice: à l’inverse de la notion de pureté
Il me semble que de qualifier cette représentation d’émotion pure revient à ne pas la considérer à sa juste valeur. Au fond, libérer une œuvre du langage, c’est lui donner une importante puissance. J’entends cette œuvre comme puissante au sens où elle ne contient pas un sens en elle-même, mais a le potentiel de délivrer du sens vers de multiples avenues, par la perception de plusieurs individus. Plutôt que d’être « de l’émotion à l’état pur », elle est tout l’inverse: elle est « aucune émotion en elle-même ». Elle est catalyseur de différentes possibilités.
La musique: langage relatif
Tout ceci m’a fait pensé à l’idée qu’on se fait de la musique, qui serait un « langage universel ». Je ne crois aucunement à cette idée. Déjà, j’ai de la difficulté à expliquer ce que je trouve d’intéressant dans le rap; il y a probablement derrière cela le fait que ma perception est différente.
Parfois, je veux faire écouter un extrait de musique à quelqu’un pour lui faire ressentir la même chose, par exemple, une phrase que je trouve particulièrement percutante. Bien que la phrase en question soit du langage verbal, la personne n’entend pas de la même manière, ne se sent pas interpellée, voire même n’entend pas du tout la phrase. Jusqu’à présent, j’ai l’impression que de rencontrer quelqu’un qui entend la musique de la même manière que moi n’est jamais arrivé. En général, je me sens bien seul en écoutant ce qu’on appelle un langage universel. J’espère que c’est la même chose pour tout le monde.
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