L’objectif des universitaires et des universités

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Quand un groupe d’universitaires se réunit quelque part (ce qui arrive tout le temps, dans les séminaires, les colloques, etc.), ils ont bien sûr des discussions. Parfois, ils font partie d’une même discipline, parfois de disciplines variées. Ils s’inscrivent donc chacun dans une histoire disciplinaire personnelle et collective. Par exemple, j’apprécie des auteurs que d’autres gens en cinéma ou étudiant le jeu vidéo ne connaissent pas ou apprécient moins, et je partage des références philosophiques avec des gens autant en sémiologie qu’en histoire de l’art. Le fait de s’inscrire dans un bagage plus ou moins collectif, de s’inscrire dans une ou des disciplines, entraîne que nous pouvions discuter des auteurs eux-mêmes, de lectures communes. Mais quel est l’objectif de ces lectures communes?

Pourquoi lire un texte?

Plus généralement, pourquoi lit-on un texte? Avec quel objectif en faisons-nous un résumé? Qu’est-ce qui détermine ce qu’on en retient? Je vois au moins trois possibilités:

  1. Pour être en mesure de mieux comprendre quelle est la réflexion de l’auteur, sa position théorique, etc.
  2. Pour réfléchir soi-même.
  3. 1 pour en arriver à 2.

Personnellement, je crois en 2.

Je crois que l’université en tant qu’institution se place en 1. Et c’est tout à fait normal. La réflexion est je crois quelque chose de très personnel, et une institution serait bien mal placée pour nous dire comment penser, ou pour nous évaluer sur notre propre capacité à réfléchir. Elle le fait parfois, mais parce que ce sont des humains qui sont à sa base. Et dans ces cas-là, c’est tant mieux. Mais ça revient à se demander ce qu’est la connaissance, le savoir. Qu’est-ce que vous évaluez quand vous évaluez mes connaissances? Ma capacité à regrouper les pensées des autres dans leur propre cohérence ou ma capacité à établir un système de pensée cohérent par lui-même? Mais je m’éloigne de mon objectif principal avec ce court texte.

Quand on en vient à débattre sur des virgules autour de ce que tel auteur a dit versus ce que tel auteur a dit (ou même dirait, s’il était encore vivant), je crois que, oui, on accomplit les «désirs» de l’institution (dans la mesure où l’institution possède des désirs implicites qu’on déduit selon ses actions), sans toutefois accomplir nos propres désirs (2, la plupart du temps). La réflexion de Deleuze sur l’histoire de la philosophie comme répresseur m’avait aidé à vouloir aller plus loin que de s’en tenir aux pensées des autres.

L’argumentation qui avait lieu hier m’a un peu ébranlé là-dessus. Je me suis demandé : mais qu’est-ce qu’on fait, en ce moment? Je vais quelque part devoir réfléchir à ma position personnelle là-dessus, mais aussi à la position du groupe de recherche en général pour que mon travail puisse servir à d’autres qu’à moi.


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