Le 12 juin dernier, le journaliste de La Presse Yves Boisvert y allait d’un éditorial où il mettait en évidence le manque d’intérêt de la population québécoise envers ses universités francophones. Le portrait est d’autant plus pittoresque qu’il raconte l’histoire de deux chercheurs en droit qui ont quitté l’Université de Montréal pour McGill. Sans donner de données précises, il sous-entend que les chercheurs quittent le monde universitaire francophone pour le côté anglophone, qui reçoit davantage de financement (au moins cinq fois plus) de ses diplômés. Ce n’est pas la première fois que j’entends parler du fait que la tradition anglophone serait davantage encline à faire des dons à ses universités, alors que, du côté francophone, on n’aurait plus de réticence à faire des dons à l’institution qui nous a permis de nous enrichir, le cas échéant.
Sans contredire M. Boisvert au niveau du financement, la chancelière de l’Université de Montréal, Louise Roy, a voulu répondre, sentant que la qualité de la recherche de son université était remise en question. Sans parler de la situation ailleurs, le texte qu’elle signe se veut davantage une manière de mettre en évidence la bonne réputation qu’a l’UdeM sur la scène internationale. Plusieurs dons leur auraient d’ailleurs été récemment versés, ce fait venant implicitement, de la même manière que l’a fait Boisvert, consolider l’argumentation qu’une université francophone puisse être financée par des dons. Ce type d’argument me semble fréquent dans les éditoriaux : prendre un événement singulier (un don, un chercheur qui migre) et – sans le mentionner explicitement – faire comme si on avait prouvé un phénomène habituel.
La chancelière de l’UdeM ne me semble pas répondre à la même chose : l’université comme institution peut relativement bien fonctionner, mais c’est en tant que concept même qu’elle baisse, au sens où l’intérêt qu’on y porte est diminué. Les professeurs et chercheurs, qui ont à cœur son développement et son rayonnement, ne vont pas nécessairement diminuer leurs efforts pour que leurs recherches soient pertinentes et reconnues.
Ce qui est déplorable dans toute cette histoire se présente à mon avis en deux temps : 1) le peu d’intérêt de la population québécoise diplômée ou non envers ses universités, et 2) le peu de financement de la part des fonds publics ou des fonds privés qui en découle. Une piste de solution devrait à mon sens tendre vers le premier temps de ce problème, c’est-à-dire faire comprendre aux gens en général que l’université a sa raison d’être – et que l’État, notamment, ne perd pas d’argent à la financer. Plusieurs trouvent ridicule de financer des étudiants, et croient que ceux-ci (même au second cycle) devraient payer leur scolarité eux-mêmes. Ces mêmes gens n’ont pas compris que l’État a un rôle dans l’économie en général : pourquoi financer la scolarité de ses citoyens n’en ferait pas partie?
Le constat qu’on peut faire de la situation est bien exprimé par Mme Roy à la fin de son article : « Imaginons un instant tout ce que les universités québécoises pourraient accomplir si on leur donnait véritablement les moyens de réaliser leur mission! »
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