Je viens de terminer la lecture de la traduction française de l’ouvrage de Richard Dawkins, The God Delusion [2006], titrée Pour en finir avec Dieu (2008). Je suis en accord avec à peu près l’ensemble de sa réflexion, mais j’ai quelques réticences en ce qui concerne la distinction agnosticisme-athéisme.
Agnosticisme ou athéisme?
Dawkins propose un spectre de la possibilité de l’existence de Dieu, en sept niveaux, qui va du théisme absolu à l’athéisme absolu (p. 59). En bonne foi, il place l’agnosticisme au centre de son spectre, qui supposerait une probabilité de 50% de l’existence et de la non-existence de Dieu. Il insiste tout de même pour dire que la plupart des agnostiques ne se placent pas au milieu de ce spectre, mais hors de celui-ci: on ne peut pas donner une probabilité d’existence à une chose si on admet que notre position est de ne pas être en mesure de prouver son existence ou sa non-existence.
Que vous ne puissiez pas prouver la non-existence de Dieu, c’est un fait banal qu’on admet facilement, ne serait-ce que dans le sens que l’on ne peut jamais prouver de façon absolue la non-existence d’une chose. Ce qui importe, ce n’est pas si Dieu est réfutable (il ne l’est pas), mais si son existence est probable (p. 63).
Pour Dawkins, l’agnosticisme n’est pas tout à fait compatible avec la pensée scientifique, parce qu’il ne se base pas sur ce qui est le plus probable. Il me semble au contraire qu’il s’agit des mêmes principes de base: on ne peut jamais affirmer avec certitude qu’une chose n’existe pas, jusqu’à ce qu’on prouve qu’elle existe. Tant qu’on n’assume pas d’avance qu’une chose existe.
D’une manière ou d’une autre, un scientifique peut croire qu’il est possible que Dieu existe (voire croire profondément en Dieu), tout en postulant sa non-existence pour tout ce qui concerne son travail scientifique (parce qu’il n’a pas de preuve). Clairement, le texte de Dawkins sert une fin plus spécifique que la démarche scientifique standard, il en a contre un fondamentalisme religieux; au fond, peu importe ce qu’on peut supposer qu’il y ait au-delà de ce qui est perceptible, tant qu’on ne se base que sur des faits pour tout raisonnement et qu’on n’invoque pas une raison divine pour ses agissements personnels. Comme on ne pourra jamais prouver la non-existence d’une chose, il importe de la postuler jusqu’à preuve du contraire.
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