« Maintenant, permettez-moi d’entrer dans votre imaginaire… »
C’est l’expression qu’emploie Patrick Dion pour présenter la bande-annonce de son nouveau roman, Fol allié. Il semble qu’il y ait une certaine tendance à faire la promotion de romans avec un contenu audiovisuel. Je trouve intéressant la tendance, mais en même temps, l’expression employée par Dion pour présenter son vidéo me semble illustrer le mieux le sentiment que ça m’inspire. L’acte de lecture d’un roman suppose un espace où il n’y a pas d’images qui nous servent de repères. Je sens en effet que ce vidéo entre dans mon imaginaire, dans l’espace que je veux prendre plaisir à me construire moi-même, avec mes repères personnels, en lisant un roman. Les adaptations vues avant le roman donnent cet effet. Ici, le roman est quelque part « pré-adapté » en film.
Le concept de convergence fonctionne ici très bien. Tous les types de formes sont mises au service de l’œuvre. Mais, pour plusieurs penseurs des médias, le processus de médiation n’est pas qu’une instrument: il nous fait penser les choses différemment.
Ce qui m’a frappé avec le texte où André Habib expose ses reproches à Polytechnique (Denis Villeneuve, 2009), c’est lorsqu’il parle de la substitution d’images fictionnelles aux images et expériences réelles:
Qui pourra désormais parler de la tuerie de Polytechnique sans se référer au film, à son imagerie ? On verra le jour où, aux bulletins de nouvelles (le 6 décembre 2010, 2011, etc.), plutôt que de montrer des images d’archives des policiers et des ambulanciers se ruant hors de Polytechnique, de la « vraie » foule d’étudiants affolés, on passera des extraits édifiants du film, qui se seront entre temps substitués aux « images », encore troublantes, impénétrables, de l’événement, entre temps reléguées aux oubliettes […]
On parle de deux choses complètement différentes, évidemment. Par contre, je ne peux m’empêcher d’y voir un lien. Un événement me semble être quelque chose de vécu qui amène une perception singulière (laquelle entraîne, par de multiples perceptions, une diversité de réflexions et d’émotions face au même objet). Lorsque les images s’imposent d’elles-mêmes, l’expérience de la littérature en est probablement différente.
Cela dit, j’ai bien aimé la bande-annonce, où la direction artistique a été assurée par un de mes collègues de Cégep, David Émond-Ferrat.
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