Je me considère comme quelqu’un plutôt à gauche.
Je me souviens que, plus jeune, on me disait que je virerais à droite en vieillissant. Et, à bien y penser, on pourrait encore me le dire si ce n’est qu’on s’est tanné ou, encore, que je n’affiche plus autant qu’avant mes allégeances politiques.
J’entends souvent deux remarques étranges à propos de l’idée d’être de gauche.
1) On ne peut pas être de gauche quand on ne paie pas d’impôt parce que c’est nous qui bénéficions le plus des services sociaux, parce que ce n’est pas nous qui vivons des conséquences du choix de société d’avoir été de gauche. Comme si le fait de payer des impôts ou d’être « contribuable » équivalait à être citoyen. Comme si le fait de vivre en totalité ou en partie des impôts des autres nous enlevait le droit d’avoir une opinion politique légitime. Autrement dit que, politiquement parlant, on ne peut pas être juge et parti. Ce qui cause problème quand une société doit se juger elle-même.
2) On ne peut pas être de gauche quand on est riche parce qu’on ne sait pas c’est quoi être pauvre. Il serait finalement hypocrite ou hautain d’avoir des principes de gauche lorsqu’on est riche, puisqu’on prend une décision par rapport à un contexte qu’on ne vit pas. Comme un « tu peux bien parler, toi, tu vis en moyens ».
Il faudrait au final être toujours une tierce personne.
Pour moi, ce principe d’être dans plusieurs situations où « on n’a pas le droit de dire telle chose parce qu’on ne vit pas telle chose, ou parce qu’on la vit trop » s’applique à tellement de contextes. En fait, il s’applique probablement mieux dans d’autres contextes. C’est il me semble très spécifiquement la même chose qui est en jeu dans ce que disait Socrate à Thrasymaque dans La République de Platon. Que, finalement, le fait d’être impliqué dans une équation ne nous empêchait pas de pouvoir être convaincu de la justesse de notre interprétation de cette équation. Qu’on peut quand même avoir raison ou, au moins, dire quelque chose de sensé.
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