Je poursuis ici cette série amorcée la semaine dernière que je pourrais appeler « commentaires de lectures de travaux ». Je crois même que je vais publier ces commentaires chaque jeudi. Ça fera plus professionnel d’utiliser une thématique à des jours fixes.
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Les problèmes les plus fréquents vus dans la correction sont dans les sujets amenés, c’est-à-dire dans les premières phrases de l’introduction. Au Québec, on apprend au secondaire et au cégep à introduire son texte avec un « sujet amené », soit quelques phrases générales qui situent le sujet avant de le problématiser. Ce début d’introduction me semble souvent révélateur de la position de l’auteur face à son sujet. Puisque les étudiants de bacc ne connaissent pas en détails l’histoire de leur discipline, ils partent de concepts très larges pour tenter de les appliquer à un élément précis (élément qui serait en soi tout aussi large si le prof ne les avait pas guidés autrement).
Concevoir sa discipline « du bas vers le haut »
C’est la conception de son sujet qu’il est parfois important de questionner. Tout ceci me semble lié à la manière dont on conçoit les disciplines ou domaines d’études à l’université. Qu’est-ce qui rend un questionnement important? Qu’est-ce qui « mène » au questionnement auquel on cherche à répondre dans un travail universitaire? Le plus souvent, ce sont des éléments de la discipline. Tel texte ne clarifie pas tel élément, deux auteurs ont deux postures différentes, etc. C’est parce que les disciplines académiques sont immanentes qu’elles font naître des problématiques: le questionnement part d’une confrontation entre des éléments particuliers, spécifiques.
Plusieurs étudiants semblent avoir une conception transcendante de la discipline, « du haut vers le bas »: comme si elle était au-dessus de son sujet, comme si les questionnements qu’on a ne sont jamais reliés à la manière dont on les articule « concrètement » dans la discipline. C’est peut-être d’ailleurs pour cette raison que les étudiants n’aiment pas trop d’emblée la théorie: ils ne comprennent pas qu’en fait, ses questionnements ne sont pas extérieurs et abstraits, mais ancrés directement dans sa pratique.
Tout ça pour dire, au final, que si j’avais un conseil à donner à quelqu’un qui veut faire une introduction, je lui dirais de commencer en exposant non pas des questionnements très larges et abstraits, mais des questionnements réels posés par des chercheurs existants qui s’appuient sur des textes existants, et des questions réalisables, modestes et précises. Tenter de se demander ce qui a été fait avant et où ce texte cherche à se positionner dans la discipline.
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