Sur son blogue, Sylvain Lavallée s’amuse à idéaliser le rôle de la critique vis-à-vis des cinéastes, à présenter une version satirique, poussée à l’extrême du rôle de la critique. Cette satire m’apparaît quelque part entre 1) le point de vue que les cinéastes ont du point de vue que les critiques ont des cinéastes, et 2) le point de vue des critiques sur le point de vue que les cinéastes ont des critiques. En voici un premier extrait, dont la première phrase m’a tout de suite invité à lire comme une satire:
Comme tout le monde le sait, nous les critiques sommes des cinéastes frustrés, des anciens étudiants en cinéma qui n’ont pas eu la même chance que nos anciens confrères devenus réalisateurs. Pourtant, si l’on donnait une caméra à un critique, il en ressortirait nécessairement un chef-d’œuvre. Pour preuve : la Nouvelle Vague. Pourquoi alors les critiques réalisent-ils si rarement des films? Il y a deux raisons : d’abord, il n’est pas si facile de trouver des producteurs prêts à financer des chefs-d’œuvre, car on sait bien que les chefs-d’œuvre ne sont pas facilement distribués en salles, qu’ils se terrent, trop arides, dans l’obscurité des festivals, loin des foules qui ne peuvent les appréhender, ils sont réservés à l’élite. Et justement, l’élite, au cinéma, c’est la critique; on voit bien dans quel cercle vicieux on tombe alors : qui sera là pour mettre la lumière sur les chefs-d’œuvre de la critique si celle-ci ne peut plus se consacrer à ce travail? Qui les reconnaîtrait ces chefs-d’œuvre, si nous ne sommes plus là pour les authentifier? Sûrement pas le public, trop englué dans ses habitudes et son conformisme, sans parler de ce besoin grotesque d’être amusé.
La phrase la plus savoureuse de l’article est sans doute la suivante: « Heureusement, certains cinéastes possèdent un sens critique aiguisé et parviennent ainsi à faire de bons films malgré tout, ou en tout cas des pas si pires (j’admets que pour un cinéaste qui n’était pas critique, Orson Welles se débrouillait plutôt bien) ».
J’entends déjà Guillaume Lemay-Thivierge dénoncer cet article et dire que les critiques devraient encourager davantage le cinéma québécois.
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