Parler sans connaître, ou se référer aux références

J’ai déjà dit quelque part ici (d’une manière qui m’apparaît aujourd’hui particulièrement malhabile) que de réfléchir à une chose prend du temps. Je faisais référence évidemment au temps que prend la réflexion (entre l’idée initiale et son énonciation claire), mais aussi et probablement surtout au temps que ça prend notamment pour vérifier les sources, lire sur le sujet, etc.

Jean-François Lisée, sur son blogue, appelle cette rigueur intellectuelle un « anti-virus contre la facilité ». Et ce virus de la facilité touche évidemment des journalistes professionnels.

Je suis toujours surpris lorsque, de temps à autre, des professionnels de l’information critiquent une position sans avoir pris la peine de la connaître.  Il y a un an, par exemple, je reprenais sur ce blogue les résultats d’une étude, disponible en ligne, démontrant que la hausse de la production d’hydrocarbures au Canada, essentiellement albertaine, était responsable de 54% des pertes d’emplois manufacturiers au pays en cinq ans seulement (en augmentant le prix du dollar). Rapportant ce chiffre sur le Québec, j’estimais que cela signifiait une perte de 55 000 de nos emplois manufacturiers.

Deux collègues commentateurs économiques ont, comme c’est leur droit, critiqué mon propos. Mais chacun m’a avoué en privé n’avoir pas pris la peine de lire l’étude des trois économistes, qui pourtant répondait à plusieurs de leurs contre-arguments. Je n’avais pas considéré que le débat public avait été bien servi par cette attitude. Vous ? (« L’erreur électrique au carré« , 16 février 2011).

C’est effectivement intéressant de constater que le fait que le débat soit public change relativement la donne, parce que même si Lisée ignore la réplique d’un individu qui n’a pas été au fond de ses objections, celle-ci reste accessible à tous et peut sembler pertinente pour qui n’a pas lu le texte initial.

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Commentaires

Une réponse à “Parler sans connaître, ou se référer aux références”

  1. […] This post was mentioned on Twitter by Simon Dor, Murphy Cooper. Murphy Cooper said: RT @simondor Blog | Parler sans connaître, ou se référer aux références http://bit.ly/gPae01 […]

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