Muzion et la langue dans le rap montréalais

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La dernière revue Kinephanos que j’ai co-dirigée présentait un article sur le rap montréalais et son utilisation de diverses langues. L’idée principale que proposaient Mela Sarkar et Bronwen Low était que le rap montréalais montrait une identité distincte, par l’utilisation de différentes langues métissées.

Au cours de leur article, ils parlent beaucoup des trois rappeurs du groupe MuzionJ. Kyll, Dramatik et Imposs. Étrangement, chacun présente une fonction différente de l’utilisation de diverses langues dans le rap montréalais.

Muzion - Mentalité Moune Morne... (Ils n'ont pas compris)
Pochette du premier album de Muzion, Mentalité Moune Morne… (Ils n’ont pas compris) (Sony/BMG/VIK Recordings, 1999)

Authenticité versus choix politique

Pour J. Kyll, d’abord, le plurilinguisme est surtout une question d’authenticité. Elle l’explique simplement: « En général, on chante, on rap comme on parle » (p. 34). SolValdez et Sans Pression affirment même qu’ils ne font plus la distinction entre les langues qu’ils utilisent lorsqu’ils parlent ou qu’il écrivent (p. 36).

Dramatik voit un rôle politique à cette présence plurilingue. C’est l’oeuvre d’artistes conscients « qui se décident à mettre la langue du peuple dans les textes » (p. 36). Le fait qu’il s’agisse d’un choix conscient n’enlève pas le fait qu’il soit une question d’authenticité: on sait qu’on pourrait formater son langage à un français international, ou du moins à un français tout court, mais on préfère s’affirmer car c’est comme ça qu’on parle au quotidien. C’est finalement le rôle qu’avait le joual dans les pièces de Michel Tremblay: faire entendre le parler québécois. C’est la langue de nos destinataires qui, finalement, ne s’entendent pas si souvent parler.

C’est dans un article publié dans Le Devoir qu’Imposs ajoute une précision par rapport à l’utilisation de diverses langues dans une oeuvre. La limite qu’il voit à cette hybridité, c’est la compréhension. Autrement dit, on peut jouer avec les langues comme on veut, tant et aussi longtemps qu’un auditeur typique puisse y comprendre quelque chose. « Le but, c’est de communiquer et de te faire comprendre. Va pour les mots anglais, les slangs, mais tu dois pouvoir te faire comprendre par n’importe qui dans la rue. »


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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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