Un article de Simon Couillard, enseignant en philosophie au Cégep de Drummondville, paru dans le Devoir hier, rappelle une réflexion que Paul Ricœur avait formulée en juin 1968, dans la revue Esprit. L’article de Ricoeur, intitulé « Réforme et révolution dans l’Université », propose un questionnement sur la suite de mai 68. Voici un extrait du texte du philosophe:
Les uns, réformistes, seront tentés d’édifier des structures aussi rigides que les précédentes, destinées à capter l’énergie des révolutionnaires et à briser celle-ci là où elle résiste. Les révolutionnaires purs voudront récuser toute institution, où ils verront un piège et un essai de récupération, et dont ils empêcheront le fonctionnement régulier. Aux uns et aux autres, il faut dire ceci : nous sommes entrés dans un temps où il faut faire du réformisme et rester révolutionnaire. Tout l’art du législateur, dans les temps prochains, sera de mettre en place des institutions légères, révocables, réparables, ouvertes à un processus interne de révision et à un processus externe de contestation.
Ce passage me semble préciser ce qui fait défaut dans la pensée de plusieurs de mes collègues étudiants, soit l’absence d’une pensée systémique, d’une manière de structurer l’université de sorte qu’elle puisse se réguler sans devoir passer la révolution, ou du moins la résistance citoyenne.
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