Jozef Siroka sur le cinéma d’auteur « vulgaire »

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Ce que j’aime de Jozef Siroka, c’est en grande partie son humilité comme blogueur. Il est capable de synthétiser, clarifier et creuser des questions pertinentes en faisant dialoguer différentes perspectives, différents points de vue, sans s’approprier les idées des autres. La pertinence, ce n’est pas essayer d’être le premier à avoir dit quelque chose, mais d’être le premier à chercher à comprendre et à faire comprendre quelque chose.

Pour quelqu’un comme moi qui ne vais plus trop au cinéma depuis la naissance de mon fils, qui ne regarde plus beaucoup de films depuis que mon PS3 est mort et qui ne suit pas l’actualité de la critique cinématographique entre autres parce que celle de la critique vidéoludique est déjà suffisante, chaque article de Siroka est rafraîchissant, parfois juste assez court parfois juste assez long.

Le cinéma d’auteur « vulgaire »

Dans son dernier billet, Siroka explique qu’une tendance en critique actuellement est celle de faire l’éloge de l’auteur « vulgaire », c’est-à-dire, de voir chez John Carpenter, Michael Bay, Paul Verhoeven ou M. Night Shyamalan un œuvre d’auteur, avec des thèmes ou une démarche artistique cohérents. C’est en effet quelque chose que j’ai particulièrement remarqué lorsque j’étudiais le cinéma au bacc; le « populaire » avait la cote, et je crois que la « mode » des séries télé fait partie de la même tendance.

"Couverture des Cahiers du cinéma, n°62, août-septembre 1956" [source]
« Couverture des Cahiers du cinéma, n°62, août-septembre 1956 » [source]
Ce qui est intéressant, c’est le lien que les critiques de cette tendance font avec la politique des auteurs de l’époque de la Nouvelle Vague. Les critiques des Cahiers du cinéma des années 1950 — Jean-Luc Godard et François Truffaut notamment, pour ne nommer que les plus célèbres — faisaient l’éloge de l’œuvre de cinéastes considérés comme stricts metteurs en scène, Alfred Hitchcock et Howard Hawks particulièrement. Leur point de vue était qu’au sein d’une industrie peu créative, il y avait moyen d’exprimer quelque chose comme un regard artistique, singulier.

Je ne peux qu’être d’accord avec l’idée que des cinéastes « populaires » puissent aussi avoir un regard artistique. Questionner et décortiquer ce regard, sans doute très différemment de ce qu’un cinéma d’auteur plus traditionnel nous a habitué à faire, est un défi additionnel très certainement et qui se fera sur le long terme. Mais pour étudier un média qui n’a pas encore tout à fait une production « d’élite » très reconnue, je soutiens tout à fait l’idée que le « populaire » ne s’oppose pas à l’« artistique ».

Ne reste qu’à faire le travail: comprendre ce nouvel objet d’intérêt.


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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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