Je ne rentre pas cet automne

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J’aurais aimé pouvoir vous annoncer que je donne dès mardi prochain à 9h30 le cours Analyse des jeux vidéo comme l’automne dernier. Or, j’ai appris la semaine dernière que, suite aux compression budgétaires et puisqu’il manquait d’inscrits, le cours avait été annulé. 12 jours à l’avance, alors que je venais d’envoyer mon recueil de textes à l’impression.

J’en suis à la fois amer et triste, pour bien des raisons.

La première est centrée sur ma situation particulière. Bien sûr, être payé pour enseigner est sans doute le plus beau des métiers, celui qui donne une utilité directe à tout le travail de recherche lui-même et qui le rend public. En fin de doctorat, avec mes bourses de recherche qui sont achevées et une famille à faire vivre, disons que j’aurais préféré savoir d’avance que ce cours était annulé pour pouvoir mieux planifier notre situation financière. Être chargé de cours n’est pas de tout repos.

La seconde est plus axée sur le rôle social et culturel du jeu vidéo. L’avantage de ce cours par rapport à ceux que j’ai donné à l’Université de Montréal, c’est qu’il n’est pas destiné à des étudiants en jeu vidéo. Autrement dit, il sert plus particulièrement à des gens qui étudient les médias en général.

La différence est majeure parce qu’elle concerne le rôle que le jeu vidéo joue dans la société. Il est toujours utile que des gens qui se destinent à la création de jeux vidéo sachent réfléchir à l’aspect culturel des gens, à leurs enjeux sociaux, à leur impact sur le joueur, à leurs possibilités expressives, etc. Mais il est d’autant plus pertinent que ceux qui ne sont pas déjà convaincus par le jeu vidéo le deviennent, qu’ils prennent le temps de voir sa pertinence.

J’ai peur que le fossé entre le jeu vidéo et les autres formes d’art, déjà immense, ne se creuse encore davantage. L’idéal que j’ai de faire dialoguer cinéma, musique, arts visuels, avec le jeu vidéo ne peut que s’estomper quand ce dernier n’a plus d’espace de discussion dans l’ensemble des communications.

Je sais que ce n’est peut-être qu’une question de circonstances. L’an dernier, le cours se donnait un vendredi matin et avait récolté une soixante d’inscrits. Cette année, il se serait donné un mardi matin, peut-être en même temps que d’autres cours obligatoires ou pertinents, et n’avait réussi qu’à attirer 15 étudiants.

J’ai encore confiance que l’analyse du jeu vidéo saura prouver sa pertinence même pour ceux qui ne se destinent pas à la création de jeu; en espérant avoir encore l’occasion de le prouver. C’est pourquoi je vais prendre le temps, dans les prochaines semaines, de consacrer une série de billets aux thèmes qui auraient été abordés dans ce cours. Écrire sur le jeu vidéo est encore ce que je fais de mieux, et je continuerai très certainement à le faire.

En espérant, bien sûr, que ça ne devienne pas un StarCraft: Ghost: un projet repoussé indéfiniment.


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Une réponse à “Je ne rentre pas cet automne”

  1. […] dernière année a été très difficile pour de nombreuses raisons. J’ai éprouvé la difficulté d’être chargé de cours en septembre 2015, démultiplié les contrats et terminé ma thèse en février 2016 dans […]

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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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