La vie quotidienne étant ce qu’elle est, il est souvent difficile de trouver le temps de jouer à des jeux vidéo. Je constate d’autant plus une grande effervescence de jeux indépendants ou de mods qui nécessitent parfois une plus grande connaissance, notamment parce que l’abondance de l’offre rend difficile la sélection.
J’ai donc lancé, sans trop y réfléchir, la question sur ma page Facebook: qui serait intéressé à se partir un « club de lecture » mais pour jeux indépendants (quasi-)gratuits?
Je suis très surpris des nombreuses réactions positives, d’autant plus qu’un tel « club ludique » peut prendre de nombreuses formes! Motivé par cette réponse, je lance ici quelques idées et j’espère qu’elles pourront rebondir.
Au-delà de l’industrie et de l’université
La première chose que j’ai en tête et qui me semble être fondamentale à toute cette entreprise, ce serait de réfléchir aux jeux avant toute chose. Je pense que c’est ce qui devrait faire l’identité d’un tel club.
Ce projet de club ludique ressemble ne serait-ce qu’en nom au ludo-club Reliquaire, auquel j’ai participé de nombreuses fois, et je pense que la comparaison avec ce projet s’impose. Le Reliquaire était une série de rencontres qui ont eu lieu entre 2010 et 2013. Elles se déroulaient dans un bar, où un ou plusieurs conférenciers venaient présenter un jeu ou une idée à partir de leur expérience de travail ou de leurs recherches universitaires. J’ai envie d’aller dans une autre direction pour un certain nombre de raisons.
La première, c’est que le Reliquaire était basé sur une relation entre l’industrie et l’université. Le but était entre autres de créer des ponts entre ces deux communautés, mais qui restaient très ancrées chacun de leur côté. L’universitaire présentait ses recherches sachant qu’il avait un public dont certains n’avaient pas de bagage universitaire; le concepteur de jeu présentait ses réflexions sachant qu’il y avait un public sans connaissance de la réalité de l’industrie et sans maîtrise technique des outils de base de conception de jeu.
On réfléchissait au fond très peu à ce qu’il y avait de commun entre les deux communautés: notre expérience des jeux. Le Reliquaire permettait très peu de parler de notre expérience du jeu: le conférencier faisait un choix et pouvait être le seul à avoir joué au jeu. Je voudrais pourtant mettre de l’avant cette expérience: parler de jeux, sans se cantonner au milieu d’où on vient. D’un point de vue très personnel, comme j’ai terminé mon doctorat et que je n’ai toujours pas de financement postdoctoral, ça me fait me sentir exister quelque part, sans nécessairement devoir justifier l’intérêt pour les jeux vidéo par une relation avec une institution.
La deuxième raison, c’est qu’il sera je pense difficile de créer un événement dans un lieu physique. L’organisation d’un événement est parfois complexe, que ce soit pour des questions d’horaire ou de disponibilités de locaux, et il est sans doute plus simple pour l’instant de créer des discussions en ligne, pour discuter de jeux le plus vite possible. Cela dit, l’un n’empêche pas l’autre.
Curiosité et manque de temps: deux objectifs contradictoires?
C’est bien de savoir ce qu’on ne veut pas, reste à savoir ce qu’on veut. J’ai en tête deux objectifs à peu près contradictoires. Laissez-moi vous les préciser.
La curiosité est il me semble le point central de toute activité culturelle comme un club de lecture. On veut expérimenter le plus de choses possibles, découvrir de nouveaux auteurs, de nouvelles formes, etc. L’intérêt du club est son aspect social: si chacun fait ses choses dans son coin, la culture n’avance pas beaucoup. Il faudrait donc, idéalement, que tous les participants puissent avoir expérimenté l’œuvre qui serait proposée.
Mais, à la base, j’ai soulevé le fait qu’on manque de temps pour tout expérimenter. L’autre objectif parallèle serait celui d’avoir des yeux et des oreilles additionnelles pour faire l’expérience d’objets qu’on aura pas le temps d’expérimenter de première main.
La solution est peut-être le cœur de ce club ludique: se partager le territoire à explorer et trouver un moyen de communiquer efficacement nos découvertes. Ce partage des tâches et ce moyen de communication détermineront l’identité de ce club.
Qu’est-ce qu’un club ludique concrètement?
La question reste en quelque sorte totale: concrètement, qu’est-ce qu’un club ludique? Qu’est-ce qu’on fait avec une idée lancée en l’air comme celle-là? Je pense que le club peut prendre différentes formes et je souhaite en suggérer ici quelques-unes. Je vous invite à en discuter ici ou sur ma page Facebook et à voter pour celle qui vous intéresse. Ça a l’air très formel mais le but ça reste juste d’avoir du plaisir à discuter de jeux.
1) On propose, on vote et on commente: la solution simple
La solution la plus simple est parfois la meilleure. Cette idée pourrait s’appliquer dès demain matin. À une fréquence déterminée, je lance un appel à jeu: les participants proposent chacun un titre, trois à cinq mots pour décrire leurs impressions ou la raison de leur choix, indiquent le prix si ce n’est pas gratuit et chacun vote pour un jeu autre que celui qu’il a proposé. Chaque participant choisit et vote pour un jeu auquel il n’a jamais joué — le but étant d’explorer du nouveau.
Le jeu ou les 2-3 jeux qui gagnent sont le ou les jeux des deux semaines suivantes. Chaque participant joue brièvement ou intensivement à un ou à chaque jeu et commente à la fin de la période sur un billet Facebook qui y est consacré. S’en suit une discussion vive que je résumerais sur ce blogue en y incluant la discussion intégrale pour fins d’archives. L’idée est d’explorer le jeu: de 1 à 3 heures de jeu pour entamer la discussion est à mon avis tout à fait suffisant, voire moins pour des jeux plus expérimentaux.
Une variante pourrait être celle des participants engagés. Chaque semaine ou deux semaines, on désigne collectivement 2-3 participants qui y jouent plus intensivement que brièvement (disons 5-7 heures au lieu du 1-3 heures) et ceux-ci présentent quelque chose d’un peu plus étoffé. Les autres connaissent les jeux et donc peuvent y jouer s’ils le désirent, ou participent aux discussions en posant des questions.
La formule est simple, accessible à tous même sans engagement, sans expérience en écriture ni en présentation orale. Je modère pour m’assurer le plus possible que l’espace reste safe et pour lancer les discussions dans de nouvelles directions.
2) On s’engage et on s’écoute pendant qu’on en jase: une solution plus complète
La deuxième proposition est un peu plus complexe mais peut-être plus complète. On fait la même procédure que l’idée précédente: un vote pour choisir les jeux. Ici, par contre, on s’assure de regrouper des participants engagés: de 2 à 4 personnes jouent au jeu choisi.
Ensuite, on se donne un moment précis pour diffuser notre rencontre en ligne en vidéo, sans doute via YouTube. La logistique n’est pas si complexe malgré tout. Avec Google Hangout, chaque participant à la discussion peut être présent par webcam et micro. Chacun peut même diffuser ce qui apparaît à son écran, permettant alors de montrer des extraits du jeu discuté si nécessaire. Comme pour une discussion hors-ligne, tout le monde peut participer aussi par le biais du chat. Le tout pourrait durer quelque part entre 20 minutes et 2 heures, selon notre motivation!
3) On s’engage et on se rencontre: la solution la plus festive
La troisième solution est sans doute la plus complexe en termes d’organisation, mais elle est certainement la plus festive. On organise une rencontre physique, probablement dans un café ou un bar, et, encore une fois, 2 à 4 personnes engagées ont joué au jeu d’une manière plus substantielle. Tout le monde du public est invité à avoir joué au(x) jeu(x) discuté(s) et on prépare une genre de table ronde qui inclut les 2 à 4 personnes et éventuellement les membres du public.
Cette dernière option demande une plus grande organisation et pourrait impliquer des frais de réservation d’un lieu. Par contre, je pense que ça peut être une option à plus long terme une fois qu’on aurait créé une communauté et un engagement plus grand autour de ce projet.
Et vous, personnellement, qu’est-ce qui vous intéresserait le plus parmi ces options ou d’autres?
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