Persistance et progression narrative à la télé

La revue Kinephanos lance un appel de textes intitulé « Au-delà de Netflix. Penser la diversité des pratiques et plateformes de télévision en ligne » pour un numéro qui sera dirigé par Audrey Bélanger et Stéfany Boisvert. Le but de ce numéro est de réfléchir à l’état et aux mutations de la télé contemporaine en allant malgré tout au-delà du cliché de dire que « Netflix a tout changé ». Les résumés des articles sont attendus pour le 28 février 2019. Je profite de l’annonce de cet appel pour questionner mon rapport particulier à la télé en général.

Je me souviens d’avoir dit à un moment donné que je n’aime pas la télé. Ce n’est pas tout à fait exact — j’aime bien la télé parfois —, mais l’idée derrière me semble intéressante parce que la télé est tellement omniprésente dans notre société qu’il devient difficile pour quelqu’un de dire qu’il ne l’aime pas comme il le dirait des jeux vidéo ou même de la littérature.

Persistance et progression narrative

Je pense qu’il y a une question qui concerne les caractéristiques médiatiques de la télé qui a changé et qui font en sorte que la télévision est expérimentée différemment. Je lance tout ça d’une manière très spontanée; je suis certain que les recherches en télé pourraient me contredire ou simplement ont déjà dit ce que je lance ici autrement.

La télé classique diffuse en continu et a un horaire qu’on doit respecter et qui fait en sorte qu’il faut être présent au moment où une émission est diffusée pour la regarder. Cette caractéristique fait en sorte que les émissions ont tendance à utiliser des stéréotypes et des clichés. Pourquoi? Parce qu’il est si simple de manquer quelques épisodes ou de tomber sur une émission. Quelqu’un qui manque quelque chose n’a en fait pas manqué grand-chose, parce que les épisodes ont tendance à revenir à un état de base, ont une certaine persistance narrative.

Comme les mythes classiques qu’une communauté connaît et partage voire comme le théâtre de rue de la commedia dell’arte, où les personnages interprétés sont déjà connus d’avance par le public parce qu’ils sont réutilisés à chaque fois, permettant à chaque interprétation de ne pas avoir à réexpliquer ses personnages. L’histoire en devient rapide à déployer parce que le canevas de base reste le même et est partagé.

Cette persistance narrative présente à la télé est poussée au ridicule par Les Simpson, où chaque épisode a des péripéties complètement éclatées et déraisonnables: les personnages changent de métier — deviennent astronaute, policière, etc. Mais chaque épisode revient toujours ou presque au statu quo.

Les enregistrements de la télé et le fait de pouvoir tout regarder d’un seul coup (faire du binge watch) rend plus facile le développement de personnages plus complexes même que ce qu’on peut retrouver au cinéma. À l’inverse, on sait qu’on ne manquera rien et les premiers épisodes deviennent cruciaux pour accrocher les spectateurs, alors qu’on ne « tombe » que rarement par hasard sur un épisode au milieu d’une saison par exemple. On est bien davantage dans de la progression narrative.

Le problème que j’ai, dans le premier cas, c’est de ne retrouver que de la répétition du même alors que, dans le second cas, j’ai de la difficulté justement à débuter quelque chose sans le voir comme une gigantesque tâche.

C’est une autre question médiatique qui fait la différence lorsque des gens disent qu’ils n’aiment pas les jeux vidéo ou qu’ils ne sont pas joueurs bien qu’en fait, ils y jouent parfois très souvent et très longtemps sur leur téléphone! Le média finira bien par s’imposer autant que la télé dans nos vies.

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