Comment écrire une bonne introduction: la difficulté du sujet amené

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Endless Legend - Auriga

Je donnais l’an dernier le cours Spécialisation: Recherche dirigée et on a abordé l’écriture de textes scientifiques. L’une des choses dont on se rend compte est que d’écrire une introduction est quelque chose d’assez difficile.

Je suis tombé il n’y a pas si longtemps sur un texte du blogue de Bernard Ducharme qui synthétise à mon avis deux idées importantes sur l’introduction: 1) écrire une introduction est quelque chose qu’on est capable de faire facilement dans la « vie quotidienne »; 2) écrire un texte à l’université rend plus difficile cette écriture, parce que c’est un contexte artificiel.

Ducharme donne l’exemple d’une lettre d’opinion envoyée à un journal pour critiquer les paroles d’un politicien:

Très souvent, la première phrase est « le politicien Machin Truc a fait telle déclaration à telle date » (sujet amené) tandis que la suivante est « Je vais expliquer pourquoi c’est une connerie » (sujet posé). Affirmer, directement « la phrase x est une connerie » risque de laisser le lecteur perplexe: mais quelle diable de mouche a piqué cette personne de réfuter une idiotie dans le journal. Au contraire, en précisant à la première phrase que le politicien Machin Truc l’a affirmé récemment, le lecteur comprend immédiatement l’enjeu (Ducharme 2019).

Cet enjeu est évidemment important pour la personne qui écrit et elle peut assez rapidement expliquer en quoi c’est important. En revanche, lorsqu’on écrit à l’université, on est souvent obligés d’écrire quelque chose, et cette obligation rend le sujet amené moins « intrinsèque » au questionnement; on doit trouver pourquoi ce sujet est pertinent.

Car dans le contexte scolaire, le prétexte de la rédaction est la question qu’on pose à l’étudiant. Et ça fait un bien vilain sujet amené que d’écrire « Le professeur nous a demandé d’écrire un texte sur les pamphlets subversifs lors de la Révolution française [sujet amené]. Je vais donc aborder la question de la subversion dans les pamphlets à la veille de la Révolution française [sujet posé]. » C’est exactement ce que j’ai expliqué à mes étudiants: écrire un bon sujet amené en contexte scolaire est plus difficile qu’en tout autre contexte. Et paradoxalement, je crois que ça les met à l’aise, parce que ça leur explique que leurs difficultés avec cette damnée première phrase est tout à fait normale. Puis, je leur indique que ce qui pourra les aider à trouver un bon sujet amené, c’est d’essayer d’imaginer par rapport à quel enjeu le thème imposé peut-il être pertinent (Ducharme 2019).

C’est là où faire de la recherche permet de mieux ancrer le texte dans des considérations plus générales de la discipline. Une fois qu’on connaît bien les enjeux de notre champ d’études (qui a écrit sur quoi, quels sujets sont les plus communs ou les plus rares, qu’est-ce qu’il manque, etc.), on est plus à même d’écrire une bonne introduction. En attendant, l’idéal est de contextualiser le mieux possible notre réflexion par rapport à ce qu’on connaît déjà.

Image d’en-tête: Auriga dans Endless Legend (Amplitude Studios, 2012), qui pourrait bien être cette fameuse « nuit des temps » depuis laquelle on fait à peu près tout.


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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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