Je n’ai jamais aimé les modèles de « types de joueurs » inspirés de Richard Bartle, pas tant parce que je trouve qu’il représente mal les joueurs, mais surtout parce que je ne me suis jamais vu comme étant « un » seul type. J’ai toujours eu l’impression que je laisse chaque jeu me guider dans ce qu’il peut me proposer et qu’essayer de nouvelles manières de jouer ou de nouveaux genres de jeu ne peut qu’être une bonne chose.
J’ai entendu parler de ШХД: ЗИМА [IT’S WINTER] (ИЛЬЯМАЗО, sad3d, 2019) comme étant un jeu où il n’y a rien à faire. Sauf erreur, c’est le cas. C’est un jeu axé sur la déambulation et le vide, qui se déroule dans un bloc appartement de banlieue russe, sans personne avec qui interagir — pas même le conducteur de la petite déneigeuse qu’on croise. On peut se promener dans son appartement et explorer le vide qu’il contient, laisser tomber des œufs par terre, mais rien de bien édifiant.
Il y a justement quelque chose de fascinant à explorer du vide, à espérer qu’il finisse par se produire quelque chose. Le fait d’ancrer « l’action » dans un lieu réel ne fait que rappeler le vide des villes dortoirs où enlever la neige de permettra pas de briser l’isolement. Cette déambulation dans un univers vide m’a bien sûr rappelé les walking simulators, mais il s’agit en fait de quelque chose de totalement différent.
Comme en jeu vidéo, on s’attend à interagir de manière complète avec l’environnement, les walking simulators apparaissent comme peu actifs et semblables à des déambulations. Ils ont pourtant bien souvent une narration très riche. Mais ШХД: ЗИМА va plus loin: il n’y a (à peu près) pas de narration. On n’est dans l’exploration, dans la « monstration » d’un univers sur lequel on a aucune agentivité. Je le vois comme semblable au cinéma moderne, voire expérimental, aux films qui me font vivre l’attente, le passage du temps ou le vide.
À moins qu’il y a quelque chose qui se cache derrière la forêt enneigée? Dans l’appartement illuminé en mauve en haut? Que le conducteur finisse par sortir de sa déneigeuse? Ou, justement, qu’il ne se passera rien.
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