La progression constante et la gestion de mon temps de travail

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Je termine une étrange session où j’ai le sentiment de n’avoir rien réussi. Mes cours se sont relativement bien passés mais j’aurais fait deux ou trois choses différemment, en particulier pour ce qui est des cours pratiques et des suivis aux cycles supérieurs. J’ai surtout échoué à remettre un texte au moment prévu. On dirait que c’est la première session « normale » après la pandémie, mais au fond on était (et on est) encore en plein dedans: la session s’est donnée en mode hybride, les cas de covid augmentent, les classes à l’école de mes enfants ferment.

J’ai réalisé quelque chose il n’y a pas si longtemps qui peut expliquer l’état d’essoufflement avec lequel je navigue depuis quelques années, même avant la covid. J’ai fait des études longtemps et il y a une sorte d’implicite qui vient avec la progression dans le parcours scolaire, c’est celui qu’on s’améliore avec le temps. À chaque année vient quelque chose de « plus difficile » et qui demande plus d’efforts.

Je le vois même chez mes enfants et dans la relation que l’école a avec eux. Le secondaire sera plus difficile que le primaire, il faudra être capable de mieux calculer, etc. Eux-mêmes perçoivent quelque part que les choses s’apprennent « en vieillissant », comme si la progression allait de soi: on a plus de responsabilités qui viennent avec l’âge, comme si ce n’était pas les compétences elles-mêmes mais le temps qui les donnaient. C’est peut-être quelque part la métaphore des jeux de rôle (comme Octopath Traveler, en en-tête), où tout donne de l’expérience et où la difficulté et les compétences augmentent progressivement.

Et pourtant, justement. Je sens que les dernières années ont été un « sommet » dans la pyramide d’une amélioration constamment attendue. D’avoir étudié aussi longtemps m’a fait prendre le réflexe de rehausser la barre un peu plus à chaque année. Comme professeur, je dois faire approuver mon plan annuel de travail et je sens qu’il faut que je m’en ajoute un peu plus chaque fois, comme si je maîtrisais mieux mon travail à chaque année.

Il y a pourtant un moment où on atteint la limite de nos capacités. J’ai l’impression maintenant que la compétence qu’il me reste à maîtriser, c’est ce qu’il est réaliste de faire en une année.

Je me mets là-dessus.


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3 réponses à “La progression constante et la gestion de mon temps de travail”

  1. Avatar de Emmanuel Martin-Jean
    Emmanuel Martin-Jean

    Salut Simon, je résonne à ton questionnement. De mes lectures (CF. Ericsson), on atteint des plateaux et il nous revient de persévérer ou de « plafonner » et l’avancement se fait en se plaçant soi-même en situation de défi ou en élevant la barre et en visant un peu plus haut que nos capacités et en permettant les erreurs. Cela demande en retour un souci à « prendre soin de soi » puisque cela est taxant et exigent physiquement et psychologiquement. Par contre, tu fais bien de souligner que les attentes sociales nous poussent et amènent une certaine pression (parfois imposée individuellement) qui demande une évolution concrète et constante et qui semble demander que cette progression soit partout à tous les niveaux tout le temps. Le modèle socio-économique m’y semble pour quelque chose (puisque lorsqu’on regarde le modèle économique en beignet, on a une autre perception du monde….)
    Aussi, c’est bien beau la « progression » c-à-d élever le plafond, mais si on ne prend jamais le temps de renforcer et d’améliorer les bases, on ne fait que renforcer l’écart….
    Au plaisir 😉

  2. Avatar de Simon Dor

    Merci beaucoup de ton commentaire Emmanuel! Je pense que c’est un réflexe qui m’a été très utile pour réussir plusieurs choses, mais qui devient lourd sur le long terme. Comme tu le dis, renforcer la base devrait être la prochaine priorité. J’essaie de le faire par exemple en lisant sans trop d’objectifs précis. Mais même cette base prend du temps… Une chose à la fois j’imagine 🙂

  3. […] 2021 a été particulière évidemment. J’ai l’impression comme je le disais de ne pas avoir accompli autant que ce que j’aurais pu, et pourtant c’est comme si tout demandait plus d’énergie. En cette fin […]

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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


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