Je prends la balle au bond pour répondre à l’appel de Guillaume C. Lajeunesse quant à un retour de la blogosphère! Je n’ai jamais complètement arrêté de bloguer depuis 2006, même s’il y a eu des périodes beaucoup plus creuses en particulier dans les dernières années.
Mais l’appel général n’est pas celle d’un blogueur qui se discipline à écrire pour un lectorat. La blogosphère était un phénomène beaucoup plus large, propulsé par Blogger et WordPress.com, qui impliquait des échanges à travers différents blogues. On n’avait chacun son « blogroll » qui renvoyait aux blogues que nous suivions et qui gravitaient autour de nos pensées. On se répondait les uns les autres, créant des controverses ou des lignes de continuité dans nos idées. On créait une relation sur le long terme, qui parfois se dégradait avec le temps ou qui se construisait au fil de passions communes ou de découvertes de diversités d’expériences. À la différence des plateformes contemporaines, on avait notre espace personnel dont on était propriétaire.
Guillaume résume la situation avec lucidité et brièvement, dans laquelle je me reconnais:
Comment les blogues sont-ils devenus des presque-déserts esthétiques ? À mon avis, quand un grand nombre de joueurs, pour les appeler ainsi, ont retiré leurs billes du jeu (en migrant vers les médias sociaux), les blogueurs restants se sont un peu recroquevillés. Ils ont dès lors décidé d’utiliser leurs blogues moins comme vecteurs vivants, et plus comme vitrines sur leur travail. Astucieuse reconversion. Mais est-ce que ça doit rester ainsi ?
Voilà, mon blogue est effectivement une belle vitrine pour mon travail. Je me souviens d’avoir transitionné lentement vers cette nouvelle identité en écrivant sur ce qui me passionnait le plus, soit mon domaine d’études. Ça s’est fait progressivement parce que je continuais à nourrir les relations avec la communauté mais comme mon contenu était très « de niche » (pas « jeu vidéo », mais « études du jeu vidéo »), ce que je faisais de plus spécifique et intense était ce qui permettait le moins les discussions. Inversement, ça m’a permis d’avoir une certaine notoriété — on me dit encore que mon blogue est la source #1 des travaux universitaires des étudiant-e-s de 1er cycle, avec certainement une bonne dose d’hyperbole mais il y a sans doute une part de vérité.
J’ai toujours souhaité créer des échanges, être un espace ouvert où on se sent libre de s’exprimer et non pas intimidé par un contenu qu’on ne maîtrise pas. Je suis conscient que c’est utopique, mais pourquoi ne pas rêver un peu. Pourquoi ne pas revenir à la dimension « esthétique » des blogues, à l’écriture publique comme moyen de faire évoluer des idées avec moins de filtre, ce qui à mon sens ne devrait pas vouloir dire avec plus de « politiquement incorrect » ou de « on ne peut plus rien dire ». Ça veut surtout dire de créer en mettant sa curiosité de l’avant plutôt que son expertise, en s’ouvrant aux autres plutôt qu’en leur imposant notre monde, en mettant de l’avant sa vulnérabilité plutôt que ses accomplissements, en valorisant l’écoute plutôt que le discours.
Et en tant que chercheur en médias, je vois « le média comme étant le message« . Il faut créer ces espaces personnels et créer ces relations pour que l’expérience esthétique de la diversité de la blogosphère revienne. J’ai remis sur mon blogue un « blogroll » que je nourrirai tranquillement.
Pour les ancien-ne-s, bienvenue ou re-bienvenue dans la blogosphère! N’hésitez pas à parler de votre blogue en commentaire. Pour les nostalgiques d’une époque qu’iels n’ont pas connu-e-s, n’hésitez pas à vous ouvrir un espace dans Blogger, WordPress, ou des plateformes plus récentes comme Medium ou Substack. Vous pouvez ensuite utiliser un lecteur de fils RSS comme Feedly pour vous abonner à différents blogues et ne rien manquer. Je serai là pour vous suivre avec plaisir et curiosité.
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