Le coût d’opportunité de ne pas savoir dire non

|

|

,

Je pense ne pas me tromper en disant qu’un de mes plus grands défauts est de ne pas savoir dire non. Je me lance dans différents projets parce qu’ils ont l’air particulièrement intéressants, et bien souvent ils le sont! Je me lance dans des mandats administratifs pour mon université. Mais quand on dit « oui » à quelque chose, c’est souvent qu’on ne réalise pas à quoi on dit non.

C’est un exemple de ce qu’en économie on appelle un « coût d’opportunité ». Une activité peut être tout à fait gratuite, mais si le fait de la faire nous coûte du temps, de l’énergie ou nous empêche de faire autre chose parce qu’elle a lieu en même temps, par exemple, toutes ces contraintes sont des coûts d’opportunité. C’est même un des principaux reproches au « temps d’écran » chez les enfants: le temps passé devant l’écran n’est pas du temps de sport ou de lecture.

Dans un article sur la gestion des priorités dans le milieu universitaire, Melissa Febos explique bien que même lorsqu’on dit oui à tout, on dit non indirectement à bien d’autres choses. Cet extrait m’a parlé particulièrement, et je trouve que l’ambiguïté en anglais du terme « work » au sens de travail comme au sens d’œuvre rend le tout d’autant plus particulier.

Vous ne dites pas non à un événement où vous pourriez bâtir un contact important, vous dites oui à votre travail/œuvre [work]. Vous dites oui au sommeil nécessaire pour faire du bon travail. Vous dites oui aux vraies relations que vous avez déjà et que vous devez entretenir et apprécier pour être suffisamment fort-e pour endurer les moments difficiles de l’écriture et de la vie. Vous ne dites pas non à une opportunité, vous dites oui à une révolution. Vous ne dites pas non à une personne que vous risquez de décevoir, vous dites oui à une vie dans laquelle vous n’êtes pas tenu-e d’avoir peur de décevoir les autres (Febos 2017).

Je pense qu’il faut apprendre à dire non pour pouvoir apprendre à dire oui. Refuser des opportunités, c’est surtout apprendre à faire des choix et à assumer les conséquences de ceux-ci. Si on souhaite écrire un livre ou mener à bien un projet de recherche, il faut apprendre à mettre des limites.

Référence

Febos, Melissa. 2017. “Do You Want to Be Known For Your Writing, or For Your Swift Email Responses?” Catapult (blog). March 23. https://catapult.co/stories/do-you-want-to-be-known-for-your-writing-or-for-your-swift-email-responses.

Image d’en-tête tirée de GamerGuides.


Partager cet article sur:

À propos de l’auteur


2 réponses à “Le coût d’opportunité de ne pas savoir dire non”

  1. Avatar de Guillaume Lajeunesse

    Il va falloir que je revoie mon budget, le coût d’opportunité me coûte cher… Je me décris aussi comme un « yes man », surtout dans la sphère du travail. C’est pourtant enivrant de parvenir à dire non. En fait, il y a peut-être un emmerdeur sur vingt, sur trente, sur cent, qu’en sais-je, qui va nous sermonner si l’on dit non, mais la plupart des gens ne s’en formalisent pas.

    Cette relation oui/non que tu évoques (il y a des oui et non invisibles, c’est tellement évident maintenant que je le lis, qui suivent les non et les oui inverses), c’est à méditer.

  2. Avatar de Simon Dor

    C’est je trouve une première étape pour utiliser son temps stratégiquement. J’ai tendance à trop souvent dire oui justement pour éviter de décevoir, mais les non invisibles (j’aime bien ton expression) déçoivent aussi des gens, c’est juste qu’on le voit moins.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


En libre accès en format numérique ou disponible à l’achat en format papier.


Derniers articles


Derniers commentaires


Catégories


Blogroll