Tyrannoeil me demandait récemment si je pouvais lui expliquer ce qui rend le jeu Vampire Survivors (poncle, 2022) si addictif. S’il y a une réponse courte, ce serait parce qu’il est juteux.
L’expression vient de Jesse Schell, dans son livre The art of game design, où Schell définit la « jutosité » (juiciness) comme qualifiant une interface où la rétroaction est visuellement et auditivement intense (2008, p. 233). Pensons aux différentes explosions à gauche et à droite lorsqu’on réussit à aligner trois bonbons dans Candy Crush Saga (King, 2012). On a l’impression de toujours réussir des coups parfaits, alors qu’on n’a fait qu’enligner trois bonbons.
Vampire Survivors a un principe extrêmement simple: notre personnage choisi à chaque nouvelle partie se déplace dans un environnement en vue aérienne et lance des attaques automatiquement autour de lui pour éliminer les ennemis qui arrivent par vagues de plus en plus nombreuses. On se sent très rapidement submergé par les vagues, mais nos attaques deviennent elles aussi très nombreuses et éventuellement très fortes. La progression se fait rapidement: on débloque de nouvelles attaques spéciales, des bonus spéciaux, etc. La rétroaction est rapide.
En ce sens, on a une impression de gratification et de récompense beaucoup plus intense que dans la plupart des jeux vidéo. Le résultat de nos actions a l’air beaucoup plus impressionnant que ce à quoi on s’attendrait d’un personnage qui se déplace un peu partout pour éviter des vagues d’ennemis. La jutosité de Vampire Survivors cherche à nous récompenser en soulignant chacune de nos réussites à grand coup d’explosions visuelles et sonores.
Référence
Schell, Jesse. 2008. The art of game design: a book of lenses. Oxford, UK: Elsevier.
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