Depuis quelques mois, Thierry est devenu fasciné par les cubes Rubik. Il y a quelque chose de particulièrement élégant dans l’alignement des blocs en décryptant les patterns pour réussir le puzzle. Il a réussi le 2×2 et celui en pyramide, mais pas encore les autres. Personnellement, je n’en ai jamais réussi un.
Mais je constate qu’autant l’alignement des couleurs est difficile à réussir, autant il y a un fascination pour les gens qui peuvent le réussir rapidement. J’ai l’impression que le cube appartient à une sorte d’imaginaire de la rapidité, où le fait de réussir un exploit en quelques secondes devient plus important que la réussite du cube lui-même.
Évidemment, faire un cube en quelques secondes est plus impressionnant que de simplement le faire, c’est un niveau de difficulté plus élevé. Mais quand, comme moi, on n’arrive pas à résoudre le cube, je ne saisis pas ce qui rend la rapidité plus intéressante en soi. Ou, du moins, pourquoi la rapidité elle-même nous fascine. Un peu comme faire un tour de magie, il y a une sorte d’illusion à l’œuvre. Je ne sais pas comment on résout un cube Rubik; si ça se trouve, je ne mesure pas en soi l’exploit que peut représenter le résoudre rapidement.
Il y a de ça à l’œuvre dans les e-sports aussi j’ai l’impression: la rapidité d’exécution impressionne davantage en elle-même que la manière de surprendre ses adversaires avec la stratégie et la tromperie. On n’a même parfois tendance à penser qu’on pourrait faire sans l’exécution. comme si la rapidité était une compétence à part du jeu qui le rendrait inaccessible. Comme si la stratégie dans un RTS ou un MOBA pouvait exister sans l’exécution qui en est le moteur.
Mais c’est plus fort que nous peut-être: l’illusion de la difficulté semble plus forte que la difficulté elle-même. La perception de la virtuosité est fascinante. Ce qui est atteignable mais pas encore atteint est peut-être déjà banal.
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