J’ai repris cette année deux mandats administratifs importants: la codirection du département et la codirection du module. Je suis codirecteur parce que nous sommes un duo pour les tâches, l’un à Montréal et l’autre à Rouyn-Noranda. Bref, j’avais l’habitude par le passé de faire un court discours à la nouvelle cohorte, ce qui n’est plus possible à la quantité de nouveaux admis.
J’aimais bien présenter ma vision de l’entrée à l’université, en mettant de l’avant que les études collégiales et universitaires demandaient un rôle actif dans son apprentissage. Au primaire et au secondaire, on est un élève, alors que le cégep comme l’université on est plutôt étudiant ou étudiante.
J’aime cette nuance parce que ça présuppose un rôle actif. Je suis étudiant, je suis étudiante, c’est une forme active, comme un participe présent, ça implique qu’on est en train de faire une action. Étudier, ce n’est plus assimiler de la matière de quelqu’un qui sait, c’est apprendre avec des gens qui ne savent pas tout.
On a tendance à imaginer l’apprentissage comme une liste de savoirs à acquérir, comme une liste d’objectifs à cocher dans un jeu comme Final Fantasy XV.
Dans les faits, le parcours est plus complexe, parsemé d’inconnu et avec aucun objectif clair. On est dans un jeu ouvert, où on peut avoir des stratégies et de la progression, mais où beaucoup dépend de nos propres objectifs, comme dans Civilization VI.
Ce qu’on vient chercher dans le cadre d’un projet d’études est similaire je trouve. On a tendance à percevoir notre parcours comme celui d’un Pokémon qui évolue d’un stade à l’autre selon sa progression en niveaux, alors que quand on regarde notre évolution, elle est en général plus complexe que prévu.
C’est parce qu’étudier implique de faire de vrais choix et de se positionner sur sa propre identité. Une personne souhaite peut-être devenir travailleur dans l’industrie des effets visuels — sans connaître le chemin exact pour y parvenir ni ce que ça implique comme identité. James Paul Gee explique bien le rôle de l’identité dans l’apprentissage:
L’apprentissage implique un jeu d’identités de sorte que l’étudiant a de vrais choix (en développant son identité virtuelle) et a de nombreuses opportunités de réfléchir aux relations entre ses nouvelles identités et ses anciennes (Gee 2004, p. 222).
Si on savait d’avance ce qu’être un professionnel implique, on n’aurait pas besoin d’une institution d’enseignement, des tutoriels sur YouTube feraient bien le travail. L’université permet d’adopter une identité étudiante, un entre-deux pour faire une transition entre l’identité écolière et l’identité professionnelle qui permet aussi de mieux se connaître en chemin.
Référence
Gee, James Paul. 2004. What Video Games Have to Teach Us about Learning and Literacy. 1st Palgrave Macmillan pbk. New York: Palgrave Macmillan.
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