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J’ai beaucoup d’étudiants en fin de parcours de baccalauréat qui se posent des questions par rapport à la maîtrise. J’aime bien, pour expliquer ce qu’est une maîtrise ou un doctorat, utiliser une figure assez simple: celle du cycle. Quand on est au bac à l’université, on dit qu’on est au premier cycle. Alors on fait finalement l’équivalent d’un tour de notre discipline.
Si je suis en études du jeu vidéo, je fais le tour de la discipline: j’essaie de comprendre quelles sont les différentes approches, qu’est-ce que ça implique, qu’est ce que ça apporte comme savoir, etc. Ça vaut pour la philosophie, la sociologie ou la biologie.
Un deuxième cycle: pourquoi tel savoir
Lorsqu’on arrive au deuxième cycle, c’est comme si on faisait un deuxième tour du cercle, un deuxième cycle. On peut bien le tour des mêmes choses, des mêmes idées, mais on les voit avec plus de perspective. On est capable de revoir les choses qu’on a vu au premier cycle, mais de les revoir avec un deuxième regard. On se pose davantage la question à savoir: qu’est ce qui fait que ces choses-là sont les choses que j’étudie en ce moment? Qu’est-ce qui justifie qu’un savoir dans ma discipline puisse exister en tant que savoir?
Au lieu de voir du nouveau contenu dans les cours, c’est plutôt un questionnement sur la manière dont le savoir se constitue dans une discipline. Qu’est ce qui fait que c’est ce contenu qu’on décide d’aborder ou qu’on essaie de créer ? On pourrait dire simplement: comment est-ce qu’on crée du savoir dans cette discipline-là ?
Au troisième cycle: comment se fait le savoir?
À partir du troisième cycle, donc, quand on passe au doctorat, on arrive dans des questions dites « épistémologiques », c’est à dire des questions qui concernent comment le savoir se fait lui-même. On est finalement dans un troisième tour de piste. Comment est-ce que le savoir se crée? On fait un tour de ce qu’on a déjà fait en se disant: comment est ce qu’on a fait pour déterminer la manière dont on fait pour déterminer les choses qu’on a vu dans la discipline ? Autrement dit, on se questionne non pas seulement sur le choix du savoir d’une discipline, mais sur la manière dont on peut se questionner sur le savoir lui-même.
C’est une sorte de niveau méta additionnel: on est en train de se dire comment est-ce que du nouveau savoir se crée et pourquoi de nouveaux savoirs se créent de cette manière-là. On est en train de se questionner sur la manière dont on intègre de nouveaux savoirs, de se questionner sur ce qui fait qu’une connaissance est une connaissance. C’est là où, par exemple, au troisième cycle, on va se mettre à poser des questions sur comment on écrit l’histoire, sur comment on interroge un groupe de joueuses pour comprendre leurs manières de jouer, sur comment une création peut apporter quelque chose au savoir.
C’est très important de voir ces trois cycles-là comme étant une couche l’une par-dessus l’autre qui permet d’aider à mieux réfléchir à la couche précédente. À partir du moment où on fait des études de doctorat et qu’on souhaite poursuivre la recherche dans le domaine, on est rendu à se questionner sur le pourquoi de notre champ d’études ou sur, plus simplement, « comment savoir ».
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