Pendant un temps, l’immersion était un terme un peu trop à la mode dans les études du jeu vidéo. Le plaisir de jouer était assimilé à l’immersion, liée à une sorte d’absorption dans l’activité elle-même. Même si je disais, par exemple, que des jeux comme Civilization ou Tetris n’étaient pas construit sur l’immersion, il y avait une manière de ramener à l’immersion en parlant d’immersion stratégique ou d’immersion tactique.

Le cas de Battle Chess (Interplay, 1988) m’a toujours semblé intéressant pour réfléchir à cette question. Quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup jouer aux échecs, mais j’avoue que le fait que les personnages bougent et s’attaquent lorsqu’une pièce est prise faisait beaucoup partie de ce qui rend le jeu intéressant. C’est une bonne manière de dire que la stratégie n’existe pas en vase clos, séparée du plaisir de regarder.
En ce sens, suis-je « stratégiquement » immergé? Les pièces ne sont pas que des outils à déplacer pour gagner. Mais peut-on dire qu’il s’agit d’une immersion fictionnelle? Je ne m’imagine pas une histoire à ces pièces qui laissent passer des cavaliers ennemis et qui s’éliminent entre elles. Il y a un plaisir que le jeune moi avait de regarder des pièces d’échecs s’entretuer. Mais c’est presque en mode parodique: les attaques sont farfelues et loin d’être liées au plaisir de faire un échec et mat.
Le plaisir de jouer et de regarder est fort probablement plus complexe que celui de se sentir immergé dans une activité.

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