Rap versus hip-hop


« Je rappe donc je suis hip-hop. »
– K.Rhyme le roi (MC Arabica, 2007)

Définir ces deux concepts est relativement difficile, pour la simple et bonne raison que je n’aurai pas d’auteur sur qui appuyer mes affirmations. Je ne peux que, de mémoire, vous référer à Hugues Bazin dans son ouvrage La culture hip-hop (1995), que j’ai lu il y a quelques années et qui, il me semble, partage la terminologie que j’emploie par rapport à l’étude du hip-hop et du rap. C’est probablement KRS-One qu’on cite le plus souvent pour expliquer les deux termes, avec sa fameuse phrase: « Rap is something you do. Hip-hop is something you live. » Je n’ai personnellement jamais su d’où elle était tirée, si quelqu’un a plus de détails n’hésitez pas à me contacter.

Suivant le Robert (2004), le rap est un « Style de musique disco dont les paroles, hachées, sont récitées sur un fond musical très rythmé. » Il viendrait de l’expression « to rap« , qui signifie « donner des coups secs ». D’autres voient « rap » comme un acronyme, Rythm and Poetry, ce qui, qu’on puisse confirmer ou non l’acronyme, le définit tout de même bien. Bien qu’il soit très difficile dans certains cas de déterminer si une certaine musique est du rap, l’importance n’est pas nécessairement là. Dans son ouvrage Pour une analyse textuelle du RAP français (2001), Mathias Vicherat introduit en expliquant que la diversité du rap ajoute une difficulté à son analyse. Il se réfère à Yovan Gilles, qui explique qu’on devrait davantage parler « des raps plutôt que du rap » (1998, cité dans Vicherat, 2001).

Quant au mot « hip-hop« , il s’agit plutôt d’un « Mouvement culturel d’origine nord-américaine se manifestant par des formes artistiques variées (rap, smurf puis danse acrobatique, tags). (n.m. inv. et adj. inv., selon le Robert, 2004 : le mot date de 1986) ». On parle souvent de danse hip-hop, on voit parfois le mot « hip-hop » pour qualifier la musique d’un club. À mon sens, il est dans ces occasions utilisé en tant que qualificatif. L’expression « hip-hop » sur un flyer permet de passer au-dessus des préjugés associés au rap, puisque plusieurs styles de rap ne sont pas fait pour danser.

Il me semble donc que le mot « hip-hop », même s’il n’est pas de la musique dans sa définition même, peut être associé comme qualificatif à de la musique. J’ai déjà d’ailleurs parler de la possibilité de l’existence d’une musique hip-hop qui ne soit pas du rap (et qui ne soit pas un autre genre de musique, comme le R&B par exemple). Comme il existe une mode punk, il peut exister une mode hip-hop : on peut donc dire « musique hip-hop » lorsqu’on parle dans un sens plus général que le rap. Cependant, le hip-hop est un mouvement culturel (et éventuellement on peut parler de mouvement artistique) dont le rap est une des formes.

Hormis les problématiques déjà évoquées au niveau de la diversité du rap et de la musique hip-hop non-rap, on peut se poser la question à savoir si tout rap est nécessairement hip-hop. La formulation de la définition du Robert nous incite à dire que non, et la plupart des gens qui discutent du hip-hop vont dans le même sens. Or, il devient difficile de trancher à savoir ce qu’est le hip-hop, ce qui définit une musique comme suivant le mouvement culturel hip-hop. Est-ce à savoir si on respecte les principes de la Zulu Nation [que je ne décrirai pas ici, la question étant plus complexe]? Il est très difficile de se positionner dans ce cas. Je crois que NulSiDécouvert (NSD) a le mérite de déplacer en quelque sorte la question de « Qu’est-ce que le hip-hop? » vers un « Où est-le hip-hop? » En effet, la musique devenant de plus en plus influencée de parts et d’autres, les éléments formels comme ceux idéologiques qui définissent le hip-hop ne sont pas toujours clairs.

Références

  • Hugues Bazin, La culture hip-hop, Paris, Desclée de Brouwer, 1995, 305 p.
  • Yovan Gilles, « Rap et techno: pathos et politique », Esprit, juin 1998, p.175.
  • Mathias Vicherat, Pour une analyse textuelle du RAP français, Paris, L’Harmattan, 2001, 144 p.
  • Album: MC Arabica, « Gardiens de l’histoire », L’égalité dans la différence, 2007.

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Je suis professeur en études vidéoludiques à l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue au centre de Montréal.


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« Je rappe donc je suis hip-hop. »
– K.Rhyme le roi (MC Arabica, 2007)

Définir ces deux concepts est relativement difficile, pour la simple et bonne raison que je n’aurai pas d’auteur sur qui appuyer mes affirmations. Je ne peux que, de mémoire, vous référer à Hugues Bazin dans son ouvrage La culture hip-hop (1995), que j’ai lu il y a quelques années et qui, il me semble, partage la terminologie que j’emploie par rapport à l’étude du hip-hop et du rap. C’est probablement KRS-One qu’on cite le plus souvent pour expliquer les deux termes, avec sa fameuse phrase: « Rap is something you do. Hip-hop is something you live. » Je n’ai personnellement jamais su d’où elle était tirée, si quelqu’un a plus de détails n’hésitez pas à me contacter.

Suivant le Robert (2004), le rap est un « Style de musique disco dont les paroles, hachées, sont récitées sur un fond musical très rythmé. » Il viendrait de l’expression « to rap« , qui signifie « donner des coups secs ». D’autres voient « rap » comme un acronyme, Rythm and Poetry, ce qui, qu’on puisse confirmer ou non l’acronyme, le définit tout de même bien. Bien qu’il soit très difficile dans certains cas de déterminer si une certaine musique est du rap, l’importance n’est pas nécessairement là. Dans son ouvrage Pour une analyse textuelle du RAP français (2001), Mathias Vicherat introduit en expliquant que la diversité du rap ajoute une difficulté à son analyse. Il se réfère à Yovan Gilles, qui explique qu’on devrait davantage parler « des raps plutôt que du rap » (1998, cité dans Vicherat, 2001).

Quant au mot « hip-hop« , il s’agit plutôt d’un « Mouvement culturel d’origine nord-américaine se manifestant par des formes artistiques variées (rap, smurf puis danse acrobatique, tags). (n.m. inv. et adj. inv., selon le Robert, 2004 : le mot date de 1986) ». On parle souvent de danse hip-hop, on voit parfois le mot « hip-hop » pour qualifier la musique d’un club. À mon sens, il est dans ces occasions utilisé en tant que qualificatif. L’expression « hip-hop » sur un flyer permet de passer au-dessus des préjugés associés au rap, puisque plusieurs styles de rap ne sont pas fait pour danser.

Il me semble donc que le mot « hip-hop », même s’il n’est pas de la musique dans sa définition même, peut être associé comme qualificatif à de la musique. J’ai déjà d’ailleurs parler de la possibilité de l’existence d’une musique hip-hop qui ne soit pas du rap (et qui ne soit pas un autre genre de musique, comme le R&B par exemple). Comme il existe une mode punk, il peut exister une mode hip-hop : on peut donc dire « musique hip-hop » lorsqu’on parle dans un sens plus général que le rap. Cependant, le hip-hop est un mouvement culturel (et éventuellement on peut parler de mouvement artistique) dont le rap est une des formes.

Hormis les problématiques déjà évoquées au niveau de la diversité du rap et de la musique hip-hop non-rap, on peut se poser la question à savoir si tout rap est nécessairement hip-hop. La formulation de la définition du Robert nous incite à dire que non, et la plupart des gens qui discutent du hip-hop vont dans le même sens. Or, il devient difficile de trancher à savoir ce qu’est le hip-hop, ce qui définit une musique comme suivant le mouvement culturel hip-hop. Est-ce à savoir si on respecte les principes de la Zulu Nation [que je ne décrirai pas ici, la question étant plus complexe]? Il est très difficile de se positionner dans ce cas. Je crois que NulSiDécouvert (NSD) a le mérite de déplacer en quelque sorte la question de « Qu’est-ce que le hip-hop? » vers un « Où est-le hip-hop? » En effet, la musique devenant de plus en plus influencée de parts et d’autres, les éléments formels comme ceux idéologiques qui définissent le hip-hop ne sont pas toujours clairs.

Références

  • Hugues Bazin, La culture hip-hop, Paris, Desclée de Brouwer, 1995, 305 p.
  • Yovan Gilles, « Rap et techno: pathos et politique », Esprit, juin 1998, p.175.
  • Mathias Vicherat, Pour une analyse textuelle du RAP français, Paris, L’Harmattan, 2001, 144 p.
  • Album: MC Arabica, « Gardiens de l’histoire », L’égalité dans la différence, 2007.

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