Les articles signés « Katana » ont été parus à l’origine sur Hiphopfranco.com à l’époque où j’y écrivais des critiques d’albums. Ils ont été republiés progressivement ici depuis la disparition du site pour en conserver des archives. Les dates de publication sont parfois approximatives.
Ça reste Damien plus que jamais
L’album, avec « Les gars comme moi », commence avec un son qui semble plus éloigné du rap que son premier album. Pourtant, dans l’ensemble, Damien conserve un style très semblable à son album éponyme, avec son style de rimes, de flow, et une musique de « rappeur-guitariste » pour laquelle il y a eu suffisamment de controverse. En gros, la différence entre les deux albums, c’est le contexte. Damien n’est plus inconnu à l’extérieur du milieu hip-hop, et cet album lui permettra peut-être de continuer sa lancée dans les médias « de masse ».
Le type de rimes est semblable à celui de son album éponyme : pas nécessairement en suivant rigoureusement le « style d’Hiphopfranco » mais avec quand même une recherche de sonorités. Le contenu prime sur le contenant, sans pour autant que les rimes ne soient mises de côté. Tout rime, mais tout rime dans une certaine liberté qui délaisse la structure lyrique traditionnelle. À noter que Damien ne reste pas froid face aux critiques qu’il reçoit et préfère explicitement en parler (« Leave me alone »), contrairement à ce qu’on aurait pu croire.
Un petit côté humoristique propre à Damien – tel qu’il le présentait dans son single « J’essaye d’arrêter » -, ici présent dans les skits (« Soirée Patron (outro) ») tout comme dans certaines tracks. Il s’agit la plupart du temps d’une ligne parmi un texte plus sérieux. Mais dans d’autres cas, tel que « La bosse » (avec Papaz), c’est vraiment la piste au complet. Dans ce cas-ci, par contre, l’humour présent est celui récurrent dans tout ce qu’a fait Papaz, soit un humour de « déconnage » qui s’est fait sentir aussi parmi d’autres artistes d’Iro Prod. On s’en lasse à la longue, mais quelques écoutes peuvent être cocasses.
Le sérieux est quand même présent dans l’ensemble, et Damien s’efforce de parler de choses sensées, par exemple, l’amour ou la jeunesse. L’atmosphère est dans l’ensemble un peu plus triste que joyeux. Il est tout de même capable de sortir quelques lignes marquantes, efficaces en elles-mêmes mais qui renforcent le sujet. Ainsi, cet effet de style crée de lui-même des images particulières, et évoquent un moment présent:
« Même si j’suis saoul, demain j’serai sobre
« Pas capable de casser »
Toi demain tu restes conne »
Sa « musique de guitare » telle qu’elle a déjà été décrite continue dans la même direction, en allant même un peu plus loin. Si son premier album a été dans les premiers moments du « rap de guitare » au Québec (2004), Plus que jamais se permet d’aller plus loin, suivant la ligne de ce que d’autres rappeurs ont pu faire. Après l’ascension de d’autres artistes, aller plus loin – jusqu’à faire ressembler la musique complètement à d’autres styles de musique – était le chemin normal. Cependant, certaines sonorités entre elles se ressemblent, et sur plusieurs points on reste dans des sonorités semblables à son album précédent.
On pourrait dire que son album sur certains points ressemble à de la « pop », notamment par le thème de l’amour (ex: « Pas facile de casser », « Beach Blues »). Mais je ne crois pas que Damien ait vraiment franchi une frontière « pop » depuis son dernier album, du moins pas davantage que n’ont pu le faire d’autres artistes semblables, comme Les 2 Tom ou Accrophone. Le contenu est très semblable à son précédent: c’est le contexte qui est différent ici. En ce sens, on ne peut reprocher à Damien qu’une seule chose : rester fidèle à lui-même.

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