« J’fais pas qu’est-ce que tu veux, parce que ce serait toi qui le ferait. » – SemiBruce, « Ma craie », Bouche à oreilles vol.IV.
Une chose m’intéresse particulièrement dans cette phrase que Bruce utilise dans le refrain de cette chanson: la question de l’auteur, ou, pour être plus précis, celle du « qui fait? ». En effet, selon le cas, on définit souvent le créateur soit dans l’intention ou soit dans l’acte.
Parlons d’abord des interprètes de chansons ou d’instruments de musique. On ne les nomme pas « auteurs » de leurs oeuvres, et ce, même si on associe généralement les œuvres à leur interprète, mais on les qualifie en général d’artistes. Ils sont définis non pas par leurs intentions mais par leurs actes.
À l’inverse, un réalisateur est souvent considéré comme l’unique créateur de son oeuvre, et même trop par certains qui voient nécessairement tout comme intentionnel et directement relié à son auteur. Ceux-là sont intéressés par l’oeuvre, mais encore plus par les entrevues que le réalisateur peut donner pour expliquer ce qu’il voulait faire. Pourtant, un film est fait avec une équipe technique considérable – et part souvent de la tête d’un scénariste.
Le rap a probablement de la difficulté à se définir dans l’art en général de par la suppression de l’aspect action au niveau de la musique: un producteur/beatmaker (les termes ne sont pas unanimement définis) n’interprète rien en spectacle (la plupart du temps), il crée d’avance. Pourtant, son travail est aussi considérable.
Enfin, nous reviendrons sur les idées d’auteur, et sur la question des « beatmakers ».
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