Pochette tirée de Discogs. |
- Deluxxx 0001
- Deluxxx
- 1-2… (feat. Dj Nerve)
- Bags of smile (feat. Wyzah)
- Exer6 de style
- Du monde comme nous
- Me fume 2 joints
- Chips
- Pense-zi
- Sex, Drug, RAP ‘n Roll
- Kiss These
- L’homme déçu / HD00
- La symphonie d’ma discorde intérieure
- Dans mon bout’ ça niaise pas
- Me fume du crack
- Geahh Fool! (feat. Die When)
- What are friendz for ?! (feat. Loe Pesci)
- Plastiq doré
- Diapos
- Australie
- Chambre à gaz Feng Chui
Certains artistes savent nous faire comprendre leur art en nous montrant qu’ils savent le maîtriser par toutes ses composantes ; c’est un rap qui peut utiliser les composantes du rap à leur maximum. Deluxxx nous prouve qu’Atach Tatuq fait partie de ce genre, par l’originalité du rap que l’on y retrouve, à la fois par le type de lyrics et flow, mais aussi par la construction musicale particulière très complète. Le jeu avec le médium est très présent, tout autant par la forme qui l’utilise explicitement et sans s’en cacher, ainsi que dans les paroles qui nous rappellent le rap que nous sommes en train d’écouter.
Capable de combiner le rap et le scratch de DJ Nerve tout en gardant le flow, cette musique peut dans la même track jouer avec les pauses de chaque ligne pour nous faire entendre des sous-entendus sexuels qui deviennent évident et nous font sourire (« 1-2… »). On constate que les rappeurs savent articuler leurs lignes pour contrôler nos réactions, soit explicitement comme dans l’exemple juste avant, soit plus implicitement par le ton que leur chant prend lorsqu’ils veulent être humoristiques (ex : « Chips ») ou recréer une certaine ambiance (ex : « Plastiq doré »).
On constate la maîtrise de l’art du punchline, même si certains sont tirés par les cheveux (« Si j’tais à quelqu’un, j’serais sûrement à Bill ou à Gilles »), ils créent une atmosphère humoristique qui reste présente presque tout au long de l’album. En même temps, on assiste à un témoignage lyrique très introspectif : Khyro sur « L’homme déçu », ou encore, « La symphonie d’ma discorde intérieure » rappé par Égypto. Personnellement, j’aime moins les flows discordants de L’intrus et Rass, mais ils amènent un vibe différent, que certains apprécieront certainement. Cette combinaison crée la particularité du message d’Atach Tatuq.
Parfois, la cocasserie se crée par l’absurde (« Chambre à gaz Feng Chui ») qui n’est pas à se taper sur les cuisses, mais qui quand même crée une ambiance relaxe et bien personnelle au groupe ; par exemple, par le nombre de deux joints que peut fumer Casco : « J’me fume deux joints, avant que j’fume deux joints… » ; on peut qualifier le collectif d’engagé (sans dire par là qu’ils prennent position politiquement), mais chaque artiste ajoute son grain de sel pour faire passer les messages. Les attaques sont variées, on note : les rappeurs fake-gangsters, la corruption des policiers, la superficialité.
La musique n’a rien à envier à personne. Elle est complète et serait en soi parfaite même si personne ne posait dessus. Majoritairement composés par ToastDawg, on reste dans des mélodies plus jazz, d’une ambiance assez relaxe ; la mélodie est cependant assez changeante, allant jusqu’à un son plus grime (« Chambre à gaz Feng Chui »). Les flows ne sont pas aussi discordants par rapport à la musique qu’ils l’étaient sur La guerre des tuqs, sauf lorsque ce relâchement sert pertinemment l’ambiance voulue. On ne se lasse pas de ce type de flow, au contraire, il sert à l’originalité et est en lien avec le reste du propos.
Par rapport à leur dernier album, on sent davantage d’implication de plusieurs rappeurs, qui reviennent plus souvent ; chaque chanson a sa place et est en bonne relation avec les autres. L’atmosphère reste sensiblement la même, mais plus claire et plus présente : Atach Tatuq utilise entre autres l’humour et la réaction, mais nous fait ressortir un rap qui tient pour important la réflexion et la critique sociale ; globalement, on constate que chacun des rappeurs vient mettre son style et son grain de sel à l’ensemble de l’œuvre, sur des instrus assez variés principalement de la part de Toast Dawg. Deluxxx montre la force et l’accomplissement du collectif.
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